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Crainte de massacres à Misrata, l'opposition contrainte au repli à Ben Djaouad Le groupe de contact évoque l'exil de Kadhafi et insiste sur un cessez-le-feu immédiat
Après une avancée spectaculaire sur le front est, l'opposition a dû se replier hier à la frontière est de Ben Djaouad après avoir essuyé des tirs nourris des forces fidèles à Mouammar Kadhafi à l'approche de Syrte, ville natale du dirigeant libyen. Les opposants qui se croyaient en terrain conquis ont dû d'abord se mettre à couvert avant de rebrousser chemin à l'arrivée des troupes régulières qui ont immédiatement ouvert le feu. Désormais, la ligne de front se trouvait hier à 120 km de Syrte. En début d'après-midi hier, les anti-Kadhafi étaient éparpillés sur plusieurs kilomètres dans les faubourgs est de Ben Djaouad. Les forces du régime libyen ont usé de roquettes, de grenades et d'armes de moyen calibre pour repousser l'avancée des opposants vers la ville symbolique mais aussi stratégique sur la route de Tripoli. Ce n'est pas la seule difficulté qui aurait retardé la marche de l'opposition. Certains hameaux sur la route menant à Syrte peuvent être dangereux en raison du soutien apporté par leurs habitants à Mouammar Kadhafi. Alors que les troupes gouvernementales semblent sur la défensive à l'est, c'est tout le contraire qui se confirme à l'ouest. Hier, les pro-Kadhafi ont avancé à nouveau dans Misrata, où selon une source médicale, 142 personnes ont déjà été tuées et 1400 autres blessées. Un «massacre» se prépare, a interpellé l'opposition. Il faut dire que les forces loyalistes avancent à coups d'obus de chars. Dans cette ville martyre, à 150 km à l'est de Tripoli, plusieurs secteurs sont sous le contrôle de l'opposition alors que leurs «frères ennemis» tiennent toujours la partie nord-est. «Le massacre qui a été évité à Benghazi grâce à l'intervention des forces de la coalition va être perpétré à Misrata», s'est inquiété un porte-parole de l'opposition. Selon lui, «contrairement à ce qui s'est passé à Benghazi, les avions de la coalition n'ont pas tiré sur les chars qui sont déjà à l'intérieur de la ville, par crainte de faire des victimes parmi les civils». Le régime libyen avait indiqué la veille avoir mis fin à son offensive contre les opposants à Misrata. Côté coalition, celle-ci a mené dans la nuit de lundi à mardi des raids aériens à Mezda, dans le centre du pays, et à Gharyan, dans l'ouest. Les deux villes sont utilisées comme bases arrière des forces de Kadhafi dans leurs offensives contre Zenten et Yefren, contrôlées par les opposants. Les CF-18 canadiens ont effectué leur deuxième sortie en Libye depuis leur arrivée dans la région. Les appareils ont détruit un dépôt de munitions et ont assuré la coordination d'autres raids aériens de la coalition internationale impliquant plus de 20 avions de guerre dans le ciel libyen, ont confirmé les forces canadiennes, lundi. La cible, un bunker situé à 92 kilomètres au sud de la ville de Misrata, a été frappé par une bombe de 225 kilogrammes. Il s'agit du second dépôt de munitions à être visé par les avions canadiens à l'intérieur d'une même semaine. Par ailleurs, l'administration américaine n'exclut pas d'armer les rebelles libyens, a déclaré hier la représentante des Etats-Unis auprès des Nations unies, Susan Rice. Sur le plan diplomatique, la journée d'hier a été dominée par la réunion du groupe de contact à Londres. Avant la conférence, Londres et Washington se sont dit prêts à accepter un plan dans le cadre duquel Kadhafi quitterait rapidement la Libye. Il échapperait en échange à une comparution pour crimes de guerre. «Il y a des pays africains qui pourraient lui offrir l'hospitalité. J'espère que l'Union africaine présentera une proposition valable», a souligné M. Frattini. Le chef de la diplomatie a précisé que plusieurs nations prévoyaient de présenter un accord conjoint destiné à mettre fin rapidement au conflit. Il s'agit de proposer un cessez-le-feu, l'exil au colonel Mouammar Kadhafi et un calendrier de négociations sur l'avenir du pays entre les chefs de tribu et les responsables de l'opposition. Pour l'Espagne, un exil de Kadhafi reste «juridiquement» une possibilité, étant donné qu'il n'est «pas encore» accusé ou recherché par la Cour pénale internationale. La ministre espagnole des Affaires étrangères souligne que pour la coalition, «la priorité reste un cessez-le-feu immédiat», qui «ouvrirait de nouveau l'espace pour (...) une médiation qui à mon avis devrait être menée par les pays arabes». La Ligue arabe et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton ont également assisté à cette réunion, de même que le président de l'Union africaine Jean Ping et l'émir du Qatar Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani. Les ministres des Affaires étrangères du Maroc, des Emirats arabes unis, de Jordanie et d'Irak seront également présents. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a observé hier sur la BBC que c'était aux Libyens de décider de son sort. La veille, dans un communiqué conjoint, le président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont appelé les partisans de Kadhafi à «le quitter avant qu'il ne soit trop tard». Ils ont plaidé pour que le Conseil national de transition (CNLT), dont ils reconnaissent le «rôle pionnier», mène un «dialogue politique national» afin de parvenir à des élections libres. Pour sa part et dans un message publié par l'agence officielle Jana, Kadhafi a exhorté le «groupe de contact» à mettre fin à l'«offensive barbare» contre son pays. «Laissez l'Union africaine gérer la crise, la Libye acceptera tout ce que cette union décidera», a-t-il assuré.