Le président de la JS Kabylie, Moh Cherif Hannachi, est en colère, très en colère. Surtout après avoir vu son équipe piétiner et souffrir pour venir à bout d'une modeste équipe mauritanienne dans le cadre du premier tour de la coupe de la CAF. Comme la confrontation en question s'était déroulée à Tizi Ouzou, le responsable du club de la Kabylie était fortement perturbé. Pourtant cela ne l'a pas empêché de déclarer à la presse qu'une élimination de la JSK de la coupe de la CAF d'entrée de jeu ne le dérangerait pas du tout. «Au contraire, a-t-il dit, cela va nous permettre de faire des économies et d'investir cet argent dans le recrutement de bons joueurs. J'ajoute que le fait d'être éliminés nous évitera de disputer en plein été la phase des poules, de prendre des vacances puis de nous consacrer à la préparation de la future saison. Ça fait longtemps que nos joueurs n'ont pas pris de repos.» Poursuivant son intervention médiatique, Moh Cherif Hannachi déclarera : «La coupe d'Afrique nous a ruinés.» Si on ajoute que le match contre l'équipe mauritanienne s'est joué à huis clos, on imagine l'énorme manque à gagner de l'équipe de la Kabylie. Il est parfaitement admis que prendre part à une compétition continentale demande un énorme investissement financier. Le prix des déplacements en avion est tellement onéreux que le club est, très souvent, forcé de faire de emprunts pour répondre à cette exigence. Cette dépense est d'autant plus importante que l'Afrique est un continent où les pays ne sont pas relié entre eux par des liaisons aériennes. Cela oblige les clubs qui participent à des compétitions continentales de prévoir des plans de vol de plus en plus longs avec de nombreuses escales, parfois même en Europe. D'où des billets d'avion sans cesse en augmentation. Personne ne vous y oblige Tout cela pour dire que la participation à une compétition internationale suppose que le club en question a les reins solides en matière de financement. Or ce que l'on constate chez nous, c'est que nos clubs ont, pour l'instant, évité le forfait mais tous font de la corde raide et parviennent que fort difficilement à réunir les fonds nécessaires pour effectuer un déplacement. Hannachi indique de la coupe d'Afrique «a ruiné» son club, mais ce qu'il omet de dire c'est que personne n'a obligé la JSK à disputer la coupe de la CAF. L'article 1 des règlements de cette compétition stipule qu'elle est «ouverte aux clubs vainqueurs de la coupe nationale des fédérations affiliées. Les douze premiers pays au classement des clubs dans les compétitions de la CAF des cinq dernières années ont le droit d'engager, en plus de leur club vainqueur de la coupe nationale, l'équipe finaliste ou classée troisième dans leur championnat de première division nationale. Dans le cas où le club vainqueur n'est pas engagé, le pays concerné n'aura droit qu'à une seule équipe.» La fédération algérienne avait décidé pour la présente coupe de la CAF d'engager le CA Batna au titre de finaliste de la coupe d'Algérie (le vainqueur de cette épreuve, l'Entente de Sétif, a été versé sur sa demande dans la Ligue des champions pour avoir terminé deuxième du championnat) et la JS Kabylie qui avait terminé troisième du championnat. S'ils avaient estimé que cette compétition allait leur coûter cher, les dirigeants de ce dernier auraient très bien pu faire savoir à la FAF qu'ils ne souhaitaient pas que le JSK soit versée dans la coupe de la CAF. La fédération n'aurait, donc, pas engagé ce club et se serait contentée d'y mettre le seul CA Batna. La sortie médiatique de Moh Cherif Hannachi sur le sujet est d'autant moins compréhensible qu'à un autre de nos confrères il ne s'est pas gêné de déclarer que «la coupe de la CAF n'est pas un objectif pour la JSK». Si ce n'était pas un objectif, pourquoi avoir accepté l'engagement de son équipe dans cette compétition africaine ? Cela veut dire que l'on a engagé la JSK juste pour le plaisir, au risque de la voir gaspiller de l'argent qu'elle aurait pu investir ailleurs. Dans la formation, qui est un créneau porteur, par exemple et non dans l'achat de joueurs comme l'a dit, à un journaliste, le président du club de la Kabylie. 16 matches pour chaque finaliste Maintenant, ce dernier a raison d'affirmer que la coupe de la CAF ne rapporte pas autant d'argent qu'on le croit. Pour tout dire, le club vainqueur ne peut jamais rentrer dans ses frais. Que dire alors du finaliste et des demi-finalistes qui eux aussi doivent mettre largement à contribution leur trésorerie pour honorer cette participation. En effet, la Confédération africaine de football prévoit d'accorder au vainqueur du trophée la somme de 625 000 dollars. C'est de l'argent mais ça compense à peine les dépenses consenties dans la participation. Il faut savoir que le vainqueur et le finaliste jouent chacun 2 tours préliminaires, ce qui fait en tout 4 matches en aller et retour. Ensuite, en cas de qualification, le club doit passer par un tour additionnel consistant à affronter, en aller et retour, l'un des éliminés du dernier tour préliminaire de la Ligue des champions. Puis vient la phase des poules avec six matches en aller et retour. Ensuite on a droit aux demi-finales (2 matches en aller et retour). Enfin, il y a la finale en aller et retour. Le vainqueur et le finaliste disputent, donc, chacun 16 matches. Il y a là 8 déplacements à assurer, et si on estime que chacun d'eux nécessite la somme 4 millions de dinars rien qu'en achat de billets d'avion, on en arrive à la dépense de 3,2 milliards de centimes (32 millions de dinars). Et là nous sommes vraiment en deçà des estimations. Dans les faits, un club qui parvient en finale de la coupe de la Confédération doit tabler sur au moins 5 milliards de centimes de dépenses. Une somme considérable qui vous fait réfléchir et vous impose de ne pas vous montrer trop ambitieux quand vous n'avez pas le sou.