Les pouvoirs publics vont-ils renouveler le contrat de partenariat entre la firme ArcelorMittal et le groupe public Sider ? L'Etat compte-t-il exercer son droit de préemption sur les actifs de cette compagnie, étant donné le bilan mitigé de ce partenariat ? Le syndicat de l'entreprise espère que le gouvernement aura un droit de regard sur ce groupe et la concrétisation du plan d'investissement tracé à l'horizon 2014. Le secrétaire général du syndicat, Smaïn Kouadria, a indiqué hier que les négociations actuellement entre ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement avec la direction du groupe ArcelorMittal sont engagées sans la participation du partenaire social. «Le partenaire social n'est pas invité aux discussions. Au niveau du ministère, on n'a pas jugé utile de nous inviter, alors que le comité de pilotage qui devait faire un bilan du partenariat doit être soutenu par le partenaire social. Nous avons un bilan et des chiffres à présenter. On peut faire également des propositions, mais nous n'avons pas été invités. Je ne sais pas si les responsables du ministère vont nous inviter», a tenu à nous confier le SG du syndicat. Selon lui, les travailleurs du complexe attendent avec impatience les résultats des négociations. Ils espèrent que l'Etat aura un droit de regard sur le plan d'investissement et les affaires internes du complexe, si le contrat de partenariat est reconduit avec le groupe mondial pour une période de 10 ans. «Pour l'instant, nous n'avons pas constaté un signal fort de la part des autorités quant à l'avenir de complexe. Le ministre de l'Industrie, qui a eu à recevoir récemment les dirigeants d'ArcelorMittal, a promis de répondre prochainement à la demande de reconduction du contrat de partenariat. La décision relève de son département», a soutenu le syndicaliste. Les responsables du groupe ArcelorMittal, à leur tête Vincent Le Gouig, ont présenté au ministre Mohamed Benmeradi un dossier et une lettre d'intention de reconduire le contrat de partenariat, qui va expirer prochainement, après dix ans. Le plan d'investissement présenté par le groupe repose sur un budget de 500 millions d'euros. Le ministère de l'Industrie a donné un délai de quelques jours pour étudier le dossier présenté et il a assuré que le staff dirigeant d'ArcelorMittal Annaba sera convoqué pour une autre séance de travail. Le ministre devra se prononcer les prochains jours. Selon les syndicalistes, les installations du complexe sont devenues obsolètes, d'où la nécessité de suivre le plan d'investissement. Les travailleurs revendiquent également des améliorations en matière de conditions de travail et socioprofessionnelles, ainsi que la protection de l'emploi. Depuis l'arrivée du partenaire étranger, le nombre d'emploi est passé de 10400 à 5400, soit le départ de la moitié des salariés. «La responsabilité incombe aux deux parties. Le gouvernement n'a pas suivi le partenariat à travers le conseil d'administration. Il n'y a pas eu d'accompagnement. Le partenaire étranger n'a pas respecté les engagements tenus avec l'Etat. Pour nous, le bilan demeure mitigé car les objectifs en matière d'investissement n'ont pas été réalisés et la production a connu une baisse inquiétante», a relevé le SG du syndicat. Que compte faire l'Etat ? Selon notre interlocuteur, il existe deux visions au niveau du gouvernement quant à l'avenir du complexe El Hadjar. Il y a celle qui consiste en la récupération du potentiel industriel national et qui travaille pour appliquer le droit de préemption de 51%. Il y a une autre tendance, dite ultralibérale, qui souhaite privatiser à 100% le complexe. «Les négociations seront déterminantes. Aujourd'hui, la situation de l'entreprise n'est pas du tout bonne. Nous sommes en fin de cycle de partenariat. Il n'y pas eu d'investissement depuis six années. L'avenir est incertain», a tenu à souligner M. Kouadria.