La semaine dernière, une triste nouvelle est venue assombrir le paysage du football algérien avec la disparition d'un homme qui a tant donné à l'Algérie et que les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas eu la chance de connaître. Nadir Bendrama est assurément un personnage qui a marqué de son empreinte le football algérien avec un parcours fabuleux. A 19 ans en effet , il quitte Oran sa ville natale pour la France où il va évoluer dans le prestigieux club de l'OGC Nice où il a côtoyé des noms prestigieux comme Amalfi, Fontaine, Bentifour et Zouba. De Nice il sera transféré à Blois puis à Perpignan. Ensuite, il signera un contrat professionnel à Béziers. En 1963, au lendemain de l'indépendance, Nadir Bendrama vient mettre son expérience au service du football algérien et signe à la JS El Biar. Puis il entame la carrière d'entraîneur-joueur et passe au WA Tlemcen où il lance avec succès 7 joueurs juniors dans l'équipe seniors sans jamais oublier d'apporter sa précieuse aide à son club de toujours, le MC Oran, lorsque celui-ci était en difficulté. Il retourne ensuite en France où il dirige plusieurs clubs de divisions inférieures mais toujours pour relever des défis et accomplir avec brio des missions jugées a priori impossibles comme il l'a fait avec l'AS Clamecy, avec Moulins et avec Mantes la Jolie. Après ce dernier club, Bendrama va poursuivre sa carrière d'entraîneur dans la région parisienne en drivant des clubs comme Clichy sous bois, Lésigny, Nangis, Orly et Ozouer La Ferrière en axant toujours son travail sur les jeunes et la formation. D'ailleurs, il sera à l'origine de la création de la première école de football athlète en France. 82 - 86 : l'équipe d'Algérie avant tout ! Mais toujours très attaché à son pays d'origine, l'Algérie, Nadir Bendrama va créer l'UFPA (Union des footballeurs professionnels algériens) qui va permettre à plusieurs joueurs algériens évoluant dans les grands clubs professionnels français de rejoindre l'équipe nationale à une époque où aucun texte ni règlement Fifa n'obligeait ces mêmes clubs à libérer les joueurs comme c'est le cas aujourd'hui. Bendrama va alors grâce à son expérience et sa ténacité engager des bras de fer avec tous les clubs où évoluaient des Algériens, surtout dans la période fin des années 70 et début des années 80 pour renforcer les rangs de nos sélections nationales. Il crée même à cette époque là une sélection nationale juniors des émigrés où il y avait notamment les Oudjani, Sandjak et Belkebla. Une sélection qui a joué face à l'équipe d'Algérie juniors ainsi que face à la JSK. Nadir Bendrama va jouer un rôle primordial voire déterminant lors des deux Coupes du monde que va jouer l'Algérie en 82 et en 86 en procurant à Rogov, Maouche, Khalef, Saâdane et les autres membres du staff technique national un apport inestimable. Des joueurs comme Dahleb, Mansouri, Djadaoui, Kourichi, Maroc, Zidane, Medjadi etc… étaient à chaque fois mis à la disposition de la FAF notamment grâce aux excellentes relations qu'avait nouées Nadir Bendrama avec les présidents des grands clubs français qui se satisfaisaient de trouver en Bendrama un partenaire et interlocuteur sérieux et crédible et surtout convaincant à souhait. Après la Coupe du monde 86, Nadir Bendrama est tombé quelque peu dans l'oubli, surtout de la part des différents responsables du football algérien qui se sont succédés à la FAF et la dernière fois que nous l'avons rencontré à Paris en 2004, il nous avait fait part de sa déception et de sa tristesse par le fait qu'on ne l'a plus jamais sollicité ni contacté après tant d'efforts et de services qu'il avait rendus au football algérien. Il était malgré tout resté fidèle à sa passion pour le football en occupant le poste de manager au sein du club belge de Beveren avant d'être rattrapé par la maladie qui a eu raison de ce grand homme au courage et à la volonté exemplaires. Et tous ceux qui l'ont connu vous diront que Nadir Bendrama s'est éteint mais que son image restera éternelle.