Le Yémen a rappelé hier son ambassadeur à Doha pour protester contre la position du Qatar appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh dont le principal rival, le général dissident Ali Mohsen Al Ahmar, a assuré ne pas avoir d'ambition politique. «L'ambassadeur du Yémen au Qatar a été rappelé pour consultations après les déclarations du Premier ministre du Qatar cheikh Hamad Ben Jassem Al Thani sur les efforts des pays du Golfe concernant un dialogue entre les différentes parties au Yémen», a indiqué un porte-parole officiel à Sanaa. Cheikh Hamad avait indiqué mercredi que les monarchies du Golfe, – qui ont proposé d'accueillir à Riyad des pourparlers entre le régime et l'opposition yéménites –, souhaitaient un accord sur le départ d'Ali Saleh. Ce dernier a rejeté vendredi cette initiative devant des milliers de ses partisans à Sanaa et laissé exploser sa colère contre le Qatar. Nous tirons notre force de la force de notre grand peuple, ni du Qatar ni de personne d'autre», a-t-il notamment clamé. A Sanaa, le général Ahmar a déclaré hier que «l'armée sera à l'avenir sous les ordres des civils et je ne cherche personnellement aucun poste de pouvoir». Sur le terrain des manifestations, le mouvement de protestation était perceptible hier à Taëz, au sud de Sanaa, où des milliers de Yéménites en colère ont manifesté samedi pour dénoncer les tirs des forces de l'ordre qui ont fait vendredi quatre morts et 116 blessés. La foule s'est rassemblée sur la place de la Liberté, lieu des heurts de vendredi, en criant des slogans réclamant le procès des responsables de ce qu'ils ont qualifié de «tuerie». Dans le sud, des unités de l'armée ont bombardé à l'arme lourde un refuge présumé d'Al-Qaïda, après avoir demandé aux civils de quitter les lieux. Les bombardements à l'artillerie et au canon de char se concentrent sur la localité de Joar, dans la province d'Abyane, a précisé sous couvert d'anonymat un officier de l'armée yéménite de la 25e brigade mécanisée. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'était dit jeudi «inquiet» du relâchement dans la lutte contre les militants d'Al-Qaïda dans les pays arabes touchés par les mouvements de protestation depuis janvier. Aden, la plus grande ville du sud, était quant à elle paralysée par une grève de protestation contre le régime, à l'appel de la coordination des «Jeunes de la révolution du 16 février».