Le comité de l'Union africaine (UA) qui a atterri hier à Tripoli puis à Benghazi pour une médiation entre le colonel Mouammar Kadhafi et le Conseil national de transition est «très optimiste» Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, ses homologues malien Amadou Toumani Touré, sud-africain Jacob Zuma et congolais Denis Sassou N'Guesso, les représentants des présidents sud-africain Jacob Zuma et ougandais Yuweri Museveni, le président de la commission de l'UA Jean Ping qui a eu une série d'entretiens à Londres, Rome et Bruxelles, avec les responsables compétents de l'Union européenne et de l'OTAN et le commissaire à la paix et à la sécurité au sein de l'UA, Ramtane Lamamra veulent obtenir «la cessation immédiate de toutes les hostilités» en Libye, théâtre depuis la mi-février d'une insurrection et depuis le 19 mars d'une intervention militaire internationale au nom de la résolution 1973. «Le 1er objectif du panel est de pouvoir amener toutes les parties à arrêter ce déchirement fratricide et envisager un dialogue inclusif qui éliminerait les causes du conflit. Nous sommes en contact avec la communauté internationale pour parvenir à cet objectif suivant la feuille de route de l'UA», déclare Mohamed Ould Abdel Aziz, le président du panel avant de lancer un appel aux deux parties «pour qu'elles s'engagent en faveur d'un règlement pacifique de la grave crise que connaît leur pays» et qu'elles apportent au panel «toute la coopération» pour «l'acheminement de l'assistance humanitaire». Le «panel» qui a appelé le 20 mars dernier à «la cessation immédiate» des hostilités à l'issue de sa première rencontre à Nouakchott, sera-t-il entendu cette fois ? La feuille de route adoptée le 10 mars à Addis-Abeba et entérinée par le Conseil de paix et de la sécurité, la solution à la crise libyenne préconise «une période transitoire» pendant laquelle des réformes politiques conformes aux aspirations à la démocratie, à la justice, à la paix et à la sécurité seraient mises en œuvre. Au grand dam de l'Union africaine, ses deux appels au cessez-le-feu et au dialogue pourraient rester sans écho à Benghazi. Le Conseil national de transition pose un pré-requis avant toute réponse : le départ du pouvoir de Kadhafi et de ses fils. Une réaction à l'opposé de Tripoli. Kadhafi qui a adhéré à la feuille de route africaine, annonce son intention de soumettre un projet de Constitution à l'approbation des Libyens. «Dès la fin de la crise», précise le chef du Congrès général du peuple (CGP) Mohamed Zwei. Le 21 février, Seif Al-Islam Kadhafi avait affirmé que le CGP se réunirait bientôt pour décider d'un nouveau code pénal, de nouvelles lois donnant «des perspectives de liberté» pour la presse et la société civile et «le lancement d'un dialogue sur une Constitution moderne» inspirée des expériences américaine et britannique. Ramtane Lamamra refuse de lâcher prise. «Nous avons bon espoir que cette démarche permette d'amorcer un dialogue constructif pour une solution politique négociée de cette crise, garantissant la réalisation des aspirations légitimes du peuple libyen à la préservation de son unité et à la mise en place d'institutions démocratiques fiables et librement choisies», dit-il rappelant que l'UA avait parié sur l'inéluctabilité d'une solution politique dès le début. «C'est la seule voie pour permettre aux Libyens de transcender leur conjoncture difficile», dit-il, ajoutant sans plus d'explications qu'«il y a aujourd'hui un certain nombre de réalités et de développements qui donnent toute son importance à cette visite». Parmi ces «réalités et développements», probablement la tendance des médias à ériger Misrata en «ville martyre» à même de justifier une intervention terrestre, comme le fut Sarajevo pendant le conflit du Kosovo et la dernière sortie d'Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'OTAN. «Il n'y a pas de solution militaire au conflit libyen», dit-il. Cette sortie médiatique donne un regain d'intérêt pour l'action diplomatique même au Caire. La Ligue arabe qui a donné son signal au Conseil de sécurité pour instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, se remet en scène. Elle annonce une conférence le 14 avril au siège sur la Libye pour «examiner une issue politique» à cette crise.