Encore une fois, les enfants de chouhada de la wilaya de Tizi Ouzou viennent de sortir de leur mutisme et crient leur ras-le-bol. Dans une plateforme de revendications diffusée hier lors d'un point de presse tenue au niveau du siège de la Mouhafadha, le bureau régional de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec), n'est pas allé par le dos de la cuillère pour accuser le ministère de tutelle de «laxisme». «Nous, ayants droit de chouhada… tenons à dénoncer avec force le laxisme de l'administration et son état d'indifférence quant au respect strict de la loi et son verrouillage, notamment par le ministre des moudjahidine», écrit l'Onec. Les rédacteurs de cette plateforme de revendications, dont une copie est déposée au bureau national de l'organisation de Tayeb Houari, estiment que la loi 99/07 du 5 avril 1999 relative au moudjahid et au chahid, portant promotion des enfants de chahid et moudjahidine et fidaï, «n'est pas appliquée en leur faveur tel que explicité dans ses articles». Treize points ont été soulevés par l'Onec quant aux anomalies constatées sur le terrain, par rapport à cette loi. Mais avant de s'étaler sur les revendications des ayants droit, M. Boussad Goumiri, en sa qualité de membre et rapporteur du bureau de l'Onec, a tenu à réfuter catégoriquement les déclarations de Khaled Bounedjma, président de la Cnec (Coordination nationale des enfants de chouhada), quant à l'entrée en vigueur de la loi 99/07 dès dimanche dernier. Parmi les revendications, on peut citer entre autres, celle relative à l'élargissement de leur droit de participation aux différentes commissions de baptisations, et ce, au niveau des structures de base telles que les APC et les daïras. La valorisation du droit d'accès à la qualité dite de pouvoir exécutif dans les institutions de l'Etat. Sur ce point, M. Goumiri explique que «l'organisation souhaite voir ses membres nommés chefs de daïra par exemple», car selon lui, «il y a parmi eux, ceux qui sont diplômés d'études supérieures, les potentialités existent. Donc il s'agit bel et bien d'un manque de considération envers nous», dénonce-t-il. Unifier la qualité d'ayant droit «cadre de la révolution» aux chouhada, car «ce n'est pas uniquement les moudjahidine encore en vie qui méritent ce statut, mais aussi, et surtout, tous ceux qui sont morts pour que l'Algérie vive indépendante». «C'est ingrat de ne pas reconnaître ce statut à Ben M'hidi, Amirouche, Abane, Krim et autres», estime M. Goumiri. D'autres entraves bureaucratiques ont été aussi dénoncées dans le même document. Il s'agit de la demande d'un acte de non remariage ou une attestation de non activité pour des femmes âgées parfois de plus de 80 ans, alors que le code de travail stipule clairement que la retraite est acquise à l'âge de 60 ans. «C'est le terrorisme administratif», disent-ils. Par ailleurs, le bureau de l'Onec a tenu à dénoncer en force, «l'état dont se trouvent la plupart des monuments, stèles et carrés des martyrs dans la wilaya de Tizi Ouzou». Il ne faut pas cacher la réalité. «La stèle de Aissat Idir située à Oued Aïssi est devenue un dépotoir public», lâche le conférencier, qui accuse les autorités locales et celles de la wilaya de «laxisme synonyme de complicité».