En attendant de connaître la position du gouvernement américain qui ne s'est pas encore exprimé sur le plan africain de sortie de crise en Libye, le président d'un des plus prestigieux think tank américains appelle à «donner sa chance» à cette initiative. «Les propositions africaines sont sages comme points de départ» d'une solution au conflit libyen, affirme Leslie H. Gelb, président émérite du Council on Foreign Relations (CFR) et ancien haut responsable au département d'Etat et au Pentagone. «Les Occidentaux qui se sont précipités pour aller défendre les rebelles libyens sont rétifs à toute proposition d'un cessez-le-feu, qui n'exige pas le départ du colonel Kadhafi du pouvoir», note M. Gelb dans une analyse publiée par CFR. Cependant, met-il en garde, «les dirigeants de l'Otan auraient tout à fait tort de rejeter la proposition africaine et de laisser les moralistes absolutistes et les rebelles poursuivre la guerre jusqu'à obtenir tout ce qu'ils veulent, quels qu'en soient les coûts». Commentant l'attitude des ministres italien et britannique des Affaires étrangères à l'égard du plan africain, qui ont rejoint celle des rebelles libyens en insistant sur le départ de Kadhafi dans le cadre d'un cessez-le-feu, M. Gelb considère catégoriquement qu'une telle position «n'est pas une réponse sérieuse». En tant que membres de la coalition militaire, «leur mission principale est censée sauver des vies civiles, et tout ce qu'ils proposent garantit davantage de morts», s'étonne-t-il. Pour lui, «si personne ne s'attend à ce que le colonel Kadhafi accepte ou maintienne un véritable cessez-le-feu, il n'en demeure pas moins qu'il a accepté la proposition africaine». Pour parer à un éventuel revirement de la position du dirigeant libyen sur la question du cessez-le-feu, cet ancien secrétaire d'Etat-adjoint du gouvernement de Jimmy Carter suggère que si l'Otan ne devrait pas accepter le plan africain tel quel, elle devrait, néanmoins, le renforcer par une «proposition consolidée». Dans ce sens, il propose l'accompagnement de l'instauration d'un cessez-le-feu par la présence d'inspecteurs de l'ONU et «d'autres conditions raisonnables qui ne peuvent être rejetées comme étant des stratagèmes et feraient échouer le cessez-le-feu». Outre l'avis de cet expert, il est à constater que même si elle n'a pas exprimé explicitement son point de vue sur le plan du panel africain, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a toutefois montré une certaine flexibilité sur la condition du départ du dirigeant libyen du pouvoir. Selon les observateurs, le fait que la secrétaire d'Etat n'ait pas énoncé le départ de Kadhafi parmi les termes «non négociables» laisserait entrevoir une certaine «souplesse» dans la position américaine. Mme Clinton avait également indiqué que les Etats-Unis attendaient le compte-rendu complet de la délégation de l'Union africaine sur ce qui a été accompli et sur les conditions dont conviendraient les parties belligérantes pour mettre fin aux troubles civils qui durent depuis deux mois.