a tout perdu. Son charme, sa tranquillité, sa propreté, ses espaces, ses trottoirs et tout ce qu'on lui connaissait comme atouts. A la situation d'abandon qui la caractérise ces dernières années, voilà que le commerce informel, cette activité qui ne cesse d'étendre ses tentacules telle une pieuvre, bouffe tous ses espaces et dans toutes les directions. Le chef-lieu de la ville des Genêts, jadis cité comme exemple, est transformé en un véritable bazar. Le moindre centimètre carré est occupé par des centaines de vendeurs qui ne se sauvent plus. «Ils sont bien installés et je crois que c'est pour de bon», ironise Yahia, fonctionnaire. La rue Lamali longeant le CHU Mohamed Nedir et qui est de loin l'une des plus importantes et des plus fréquentées du chef-lieu, est devenue un véritable marché. Les vendeurs qui viennent même des localités de la wilaya de Boumerdès, comme Bordj Menaïel ou Naciria, ont carrément installé des tentes sur les trottoirs. Vue de haut, la rue vous offre un spectacle inouï : c'est comme un bivouac en milieu urbain. D'autres vont jusqu'à tendre des cordes d'un bout à l'autre du trottoir pour y accrocher leurs marchandises (des vêtements). Le spectacle est terrifiant. A cela s'ajoute les vols à la tire qui font fureur dans cette portion de la ville. Les piétons, quant à eux, ne cherchent plus à emprunter ces trottoirs. Ils marchent carrément au milieu de la chaussée, au grand dam des automobilistes. «Nous avons remarqué une augmentation conséquente du nombre de vendeurs depuis l'annonce faite par les responsables au sujet du commerce informel. Voilà comment elle est conçue cette décision chez les jeunes. Ils croient que c'est le droit d'occuper les trottoirs qui leur a été accordé», nous dira avec amertume un travailleur du CHU qui n'a pas hésité à signaler que parfois, mêmes les ambulances ont du mal à se frayer un chemin pour accéder à l'hôpital. De la gare routière et tout au long de la rue Abane Ramdane, jusqu'au campus Hasnaoua, le constat est le même. La Grand-rue est aussi dans la même situation. Ils sont partout et leur nombre va crescendo. Même topo du côté de la clinique Sbihi ou encore à la rue Ahmed Chafaï qui mène vers le quartier est de M'douha. Les tizi-ouzéens vont même jusqu'à rebaptiser certaines rues en leur donnant des noms aussi fantaisistes les uns que les autres. A titre d'exemple, la rue Lamali est appelée boulevard de la Plage, référence faite aux tentes et aux parasols érigés sur les trottoirs. C'est dire le degré d'anarchie qui règne à Tizi Ouzou n'a jamais été atteint, de mémoire de ses habitants. Un sacré coup pour l'environnement Le squat de ces espaces a également engendré un climat d'insalubrité qui frise le danger sur la santé publique. Cette situation est préjudiciable, à plus d'un titre, pour la santé et la sécurité des consommateurs. Elle génère aussi de multiples nuisances et c'est l'environnement en général qui en prend un sacré coup. Quand vient le soir et que les vendeurs «lèvent le camp», ils laissent sur place toutes sortes de déchets, du carton, du plastique, etc. A chaque coin de rue, des monticules d'ordures se forment à telle enseigne que certains endroits sont devenus des décharges sauvages. La situation s'est aggravée cette dernière semaine avec la grève des communaux ; la ville étouffe et croule sous les ordures. Des odeurs à vous couper le souffle et à faire fuir les plus téméraires se dégagent de partout. Constat : Tizi Ouzou est l'exemple type d'une ville abandonnée. Aujourd'hui plus que jamais, la sonnette d'alarme est tirée au sujet de cette insalubrité qui ne dit pas son nom. Avec l'arrivée de la période des grandes chaleurs, le danger est là. Il est suspendu telle une épée de Damoclès. Il n'est pas exclu de faire face à une catastrophe sanitaire si des mesures ne sont pas prises.