Les clubs professionnels n'en démordent pas. Ils font toujours peser la menace de boycott du championnat si les promesses de l'Etat en matière d'aide au professionnalisme n'étaient pas tenues. Le président de l'association des présidents des clubs professionnels, Mahfoud Kerbadj, vient de faire savoir que si l'aide financière tardait à venir, tous les clubs vont rassembler l'ensemble des licences des joueurs et vont les remettre à la Ligue nationale pour signifier qu'ils ne veulent plus disputer les deux championnats professionnels, ceux de Ligue et de Ligue 2. On sait que ces présidents de clubs attendent, comme un assoiffé le ferait pour un verre d'eau, les 10 milliards de centimes prévus dans la batterie de mesures destinées à venir en aide au professionnalisme. Malgré les réunions tenues avec le ministre de la Jeunesse et des Sports en personne ou avec les responsables des banques algériennes, ces présidents de clubs désespèrent de voir cette aide tomber dans l'escarcelle de leurs clubs respectifs dans un délai assez court. Aujourd'hui, le président Kerbadj va jusqu'à demander qu'une avance de 50 millions de dinars soit rapidement débloquée pour chacun des 32 clubs faute de quoi ces derniers seront amenés à recourir au retrait des deux championnats. Le problème se complique lorsqu'on sait que ces présidents de clubs ne sont pas dans la même longueur d'ondes en matière de revendication. Il n'est vraiment pas certain, en effet, que ce sont les présidents des 32 clubs professionnels qui soient d'accord avec Kerbadj. A titre d'exemple quand nous lui avons parlé des problèmes liés au professionnalisme, le président de la JSM Béjaïa, Boualem Tiab, a été prolixe sur des sujets en rapport avec la fiscalité, la sécurité sociale, les salaires versés aux joueurs qu'il juge exorbitants et les sommes dérisoires que son club obtient sur le plan des recettes de stade. On fera remarquer que la JSMB est l'un des rares clubs avec l'USM Alger à avoir un vrai Conseil d'administration avec un président de cette structure et de vrais actionnaires. Dans tous les autres clubs, hormis l'USMA comme nous l'avons dit, on a affaire à des structures qui n'ont de conseils d'administration que le nom. Ce sont toujours les mêmes dirigeants des saisons précédentes qui sont aux commandes des clubs transformés en sociétés sportives par actions mais qui n'ont presque pas d'actionnaires si ce n'est ces fameux anciens dirigeants qui n'ont mis que des sommes dérisoires dans la cagnotte. On comprend dès lors que ces dirigeants là attendent l'aide de l'Etat synonyme de bouffée d'oxygène pour eux et leurs clubs.Ils se heurtent, pourtant, à un énorme inconvénient symbolisé par la détermination du ministère de la Jeunesse et des Sports de canaliser cette aide et de l'amener à être utilisée selon des dispositions clairement établies. Le directeur des Sports de ce ministère l'a dit et redit : " les 100 millions de dinars accordés à titre de prêt par l'Etat aux clubs professionnels ne seront versés que dans des projets d'investissement. En aucun cas il ne sera question d'utiliser cette somme dans le fonctionnement d'un club. " Par investissement le responsable du ministère entend la construction d'un centre de regroupement de l'équipe ou d'une centre de formation, la construction d'un siège pour la SSPA, etc…. Un tel message ne va sûrement pas dans le sens des idées de la plupart des présidents de clubs qui eux pensent qu'ils pourront utiliser cet argent pour répondre à des besoins liés au paiement des salaires de leurs joueurs ou au recrutement d'autres éléments. En somme pour des pratiques certainement pas en rapport avec le développement de chacun de ces clubs dont les dirigeants veulent perpétuer le bricolage qui sévit dans le football algérien depuis des lustres. Payer à prix d'or des joueurs qui n'ont de vedettes que le nom alors que la solution aux déboires de ce sport passe par une remise en cause de ce qui se faisait jusqu'ici en mettant le paquet sur une grande et solide politique de formation. Mais le problème est là : peut-on le faire avec les mêmes dirigeants ? C'est la grande question que tout le monde devra se poser.