Après les travailleurs du ministère de l'Habitat, c'est au tour des souscripteurs AADL de manifester hier devant le siège sis à la rue Didouche Mourad. Si les services d'ordre ont contenu le rassemblement des employés du secteur agissant sous la houlette de leur coordination, les policiers ont adopté hier une toute autre attitude lors du rassemblement des souscripteurs ADDL. En effet, à peine rassemblés, les protestataires ont subi l'assaut des forces de police. Les centaines de pères et mères de famille qui s'étaient réunis devant le ministère de l'Habitat ont interpellé le président de la République afin qu'il «intervienne pour mettre un terme au business des logements exercé par le département ministériel au détriment de ceux qui attendent depuis dix années et dont une grande partie a versé des tranches». Réprimés par les forces de l'ordre quelques minutes après s'être rassemblés, les souscripteurs promettent de se rassembler tous les mercredis devant le ministère. Ce rassemblement et les violents heurts se sont soldés par des interpellations et des blessés. Selon un des souscripteurs, «15 personnes ont été interpellées par les policiers et une femme a été violemment malmenée et évacuée vers le CHU Mustapha Pacha par les éléments de la Protection civile». De leur côté, les services de police ont rassuré en indiquant que «toutes les personnes vont être relâchées». Parmi les protestataires figuraient des enfants d'anciens condamnés à mort par les forces coloniales. La fille d'un de ces condamnés était scandalisée par les méthodes employées par les services de police. «Ils n'ont même pas épargné les personnes âgées qui ont été traînées et malmenées», dira un des protestataires qui exhibe les blessures qui lui ont été infligées, ajoutant : «j'ai l'impression que le régime ne nous considère pas comme des Algériens alors que nous sommes venus réclamer nos droits d'une manière pacifique». Cédant sous la pression exercée par les centaines de policiers, les protestataires ont été repoussés jusqu'à hauteur du ministère des Transports où ils furent acculés dans les ruelles adjacentes, lesquelles ont été interdites d'accès même aux locataires.
Les souscripteurs exigent une enquête parlementaire «On nous a indiqué que 25 400 logements ont été distribués alors que les souscripteurs de 2001 n'ont pas été satisfaits», ont déclaré la plupart des protestataires sur un ton de colère avant d'ajouter qu'«il y a eu des dépassements, du trafic et même du népotisme dans la distribution des logements». Les souscripteurs qui sont venus réclamer leurs droits se sont laissés aller à des dénonciations. «Est-il normal qu'un fils de ministre bénéficie d'un logement AADL ? N'est-il pas scandaleux de savoir que des filles célibataires jouissent de logements F3 et F4 ? Est-il possible que l'Etat et ses services ferment les yeux face au business qui se pratique au détriment des véritables nécessiteux ?» ont dénoncé les protestataires. «Il est outrageant de constater qu'une Tunisienne a bénéficié d'un logement ADDL aux Bananiers (Mohammedia) et au lieu d'y habiter, cette dernière loue les chambres à hauteur de 1000 DA la nuit», rage un des souscripteurs qui s'étonne «sur les raisons du silence des autorités». Considérant que ces dénonciations ne sont que la partie apparente de l'iceberg, ils interpellent le premier magistrat du pays auquel ils demandent «d'ouvrir une enquête pour faire la lumière sur les pratiques entourant les opérations d'attribution de logements, et plus spécialement ceux de l'ADDL».