Le procès opposant la Banque agricole et du développement rural (BADR) au groupe Digimex, dans l'affaire de dilapidation de 1200 milliards de centimes, devant se tenir mercredi dernier au tribunal d'Alger a été renvoyée pour le 11 mai prochain, apprenons-nous de source judiciaire. C'est le huitième renvoi consécutif, ajoute la source, pour cause d'absence à l'audience d'une des personnes concernées par le procès et actuellement détenue à la prison de Tizi Ouzou. «Des demandes ont été faites au ministère de la Justice pour ramener le détenu de façon à assurer sa présence au cours du procès mais, cette fois, encore, il était absent», rapporte la source. Les 25 accusés, dont 9 avaient été placés sous mandat de dépôt, ont fait appel après les condamnations qui ont été prononcées à leur encontre par le tribunal correctionnel le 17 novembre 2007, peines allant de 2 à 10 ans de prison et une amende de 1 million DA pour chacun d'eux, rappelle-t-on. Les mis en cause, dont un ex-PDG de la Badr, Bouyacoub Farouk, le gérant de Digimex, Z. Y., et plusieurs cadres de ladite banque sont, rappelle-t-on, accusés de «dilapidation et de complicité de dilapidation de deniers publics, de faux et usage de faux et d'escroquerie», selon le dossier judiciaire. La banque s'est constituée partie civile. Il s'agit, dans cette affaire, et selon l'accusation, de plusieurs crédits (en dinars et en dollars) accordés sans garantie ni dossier, de dépassement des lignes d'escompte, de 640 traites accordées et qui sont retournées impayées, d'escompte de chèques certifiés malgré le compte du groupe qui était débiteur. Il est aussi question de transfert d'argent entre les comptes des entreprises créées par le patron de Digimex et son associé (une dizaine au total), alors que ces comptes n'étaient pas approvisionnés, est-il rappelé. Le préjudice, selon une expertise ordonnée par la justice, a atteint les 1200 milliards de centimes. Les cadres de la banque ainsi que les gérants de Digimex ont tous nié leur implication dans la dilapidation, rejetant en bloc les accusations portées contre eux lors du procès tenu en 2007. Les inspections internes de la Badr n'ont pas décelé d'anomalies dans les différentes opérations effectuées au niveau de l'agence de Birkhadem au profit de Digimex, a-t-il été indiqué au cours du procès. Un expert qui avait mis en exergue que «600 travailleurs de Digimex avaient perdu leur emploi dans cette affaire» avait annoncé que «toutes les opérations ont été effectuées légalement avec des hypothèques» et que «86% des crédits de Digimex étaient couverts par des garanties». Le procès, sous réserve de renvoi, pourrait faire la lumière sur cette affaire.