Le président Nicolas Sarkozy ne doit pas faire du conflit libyen «une affaire personnelle» au risque de s'engager dans une guerre longue, un enlisement à l'irakienne ou à l'afghane, a estimé hier l'ex-premier ministre français Dominique de Villepin. La présidence française avait déclaré vendredi que le locataire de l'Elysée pourrait se rendre rapidement à Benghazi, peut-être avec le Premier ministre britannique David Cameron, à l'invitation du Conseil national de transition libyen (CNT). Pour Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy ne doit pas faire ce déplacement. «Quel serait le signal envoyé, soit par David Cameron, soit par Nicolas Sarkozy, soit par les deux (...) derrière le message d'espoir adressé à des rebelles ou à des insurgés ?» s'est interrogé l'ancien Premier ministre sur Europe 1. «C'est qu'ils feraient de cette guerre à partir de cet instant-là une affaire personnelle», a-t-il poursuivi. «La guerre, ce n'est jamais une affaire personnelle. Nicolas Sarkozy lierait-il son sort politique à la situation de la Libye? L'affaire libyenne, nous n'en sommes peut-être qu'au début. Cette affaire peut durer longtemps», a prévenu Dominique de Villepin. «Est-ce que nous devons prendre le risque de rentrer dans une guerre longue, dans une surenchère qui est susceptible de s'élargir à l'ensemble de la région?», s'est-il encore interrogé. «Je ne veux pas que dans dix ans il y ait encore des soldats français qui perdent leur vie en Libye». «N'allons pas jouer Tintin en Afrique une nouvelle fois en Libye. Ne nous prenons pas pour Rambo», a insisté l'ancien chef de la diplomatie française.«L'Irak nous a montré le chemin, l'Afghanistan nous montre le chemin, ne jouons pas les fiers-à-bras, ne jouons pas les libérateurs», a-t-il lancé.