La nouvelle parution aux éditions Dalimen de Leïla Aslaoui au titre allusif Le cartable bleu est une fiction qui projette le lecteur dans l'avenir des années 2030 avec comme thème cardinal des feed-back de la tragédie nationale à travers des héroïnes. L'auteure revient sur ce passé qui hante encore les Algériens tant que l'histoire de leur pays est occultée et non encore rétablie avec véracité. Cette écriture de l'histoire s'impose et doit être assumé. Aslaoui en fait une condition sine qua non pour mieux appréhender ce futur. Elle plaide avec véhémence pour ce legs atavique qui constitue notre mémoire collective. Ce témoignage met en lumière cette saga algérienne. Dahlia, la mère dévide un pan de sa mémoire à sa petite Cirine, âgée de vingt ans qui cherche avec avidité ce passé alors que sa sœur Neyla semble totalement désintéressée. Elle relate les horreurs et la barbarie des années 1990 où l'Algérie a failli sombrer dans le chaos. Cette révélation mettra en confrontation les descendants des terroristes et ceux des victimes. D'où l'implication sous-jacente de la problématique du pardon qui reste posée. Y a-t-il possibilité d'oublier ? Et de pardonner ? S'interroge-t-elle ? Comme une conteuse, Aslaoui reste dépositaire de cette mémoire et de ce passé houleux et tourmenté, et estime que le pardon est impossible. Dans ce récit futuriste Le cartable bleu renvoie au thème de l'espoir avec ce bleu de la Méditerranée et ce ciel azuré tandis que le cartable symbolise la mémoire. Cette mémoire qui est rivée dans l'inconscient collectif des Algériens. Leïla Aslaoui, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports (1991/1992) ainsi que de la Solidarité en 1994 a troqué depuis sa retraite sa casquette de magistrate contre celle d'écrivain. Auteur prolifique, elle signe et persiste dans l'écriture avec notamment Dame justice, Réflexions au fil du temps, Les dérives de justice, Les années rouges, Les jumeaux de la nuit. Aslaoui semble être la gardienne de ce temple sacré de l'histoire et de cette mémoire collective. La puissance de ces écrits réside dans le fait qu'ils sont objectifs et surtout épurés d'animosité, d'inimitiés et de rancœurs. En témoin d'une époque donnée, elle narre avec lucidité et impartialité ce passé douloureux dont la blessure est toujours vivace malgré le temps.