Le prix de l'or a augmenté ces derniers jours en Algérie. Les commerçants qui viennent des 48 wilayas pour le revendre ou le racheter estiment que la flambée est temporaire. L'année dernière, le gramme avait atteint 2000 DA, alors que cette année, il est coté entre 3200 et 3700 DA le gramme. Les commerçants qui se trouvaient au coin de la rue Mogador à Alger sont unanimes : «Nous travaillons toute la journée dans ce couloir. Nous demandons aux passants s'ils veulent vendre ou acheter de l'or. Nous vendons le gramme entre 3600 et 3700 DA. Nous achetons le cassé à 3100 DA». D'après ces commerçants, «les prix sont élevés partout dans le monde. C'est la bourse qui fixera les prix». Un des commerçants nous a conduits chez des femmes qui vendent des bijoux en cachette dans un coin de la même rue : «Nous vendons par rapport à la somme dont dispose le client. S'il veut une bague en or massif, il doit débourser plus de 20 000 DA». Les bijoux exposés par ces «dellalate» ne sont pas «poinçonnés». Pas loin de là, à l'entrée de la rue Tanger, se trouvent des dizaines de commerçants et commerçantes qui se partagent le travail. Les hommes achètent de l'or chez les clients et les femmes vendent les bijoux sur les trottoirs et devant l'entrée des boutiques. Les prix sont les mêmes dans les deux endroits. Un acheteur rencontré sur place nous dira : «Les Algériens préfèrent l'or jaune. L'or blanc n'a pas de preneurs chez nous. Le plaqué or est très prisé par les femmes». Les bijoux vendus dans ces endroits ne sont pas de premier choix, confie un commerçant : «L'or qui vient d'Italie est massif et porte l'inscription 750 carats. Le «local» est mélangé à plusieurs produits qui lui donnent une couleur rouge». Pour connaître la matière, ces professionnels utilisent une pierre noire et un liquide acide pour déterminer la qualité du bijou. Il y a aussi du trafic. Des clients viennent souvent se plaindre pour récupérer leur argent, mais sans succès. «J'ai acheté deux bagues chez les dellalate. Je les ai confiées à un bijoutier pour vérifier leur qualité et ce dernier m'a dit que ce n'était pas de l'or. Je suis revenue sur place mais la femme qui me les a vendues avait déjà disparu». Entre ces commerçants en bijoux se trouvent des femmes qui cachent leur visage avec un aâdjar ou une burka. Un vendeur nous confie : «Des commerçantes vendent des bijoux de contrefaçon. Elles cachent leur visage exprès». Les bijoutiers, eux, travaillent en «collaboration» avec ces commerçants. Ils leur vendent les bijoux en pièces pour les écouler dans ces marchés. Ainsi, des bijoux volés circulent dans ces endroits. A la fin de la journée, ces vendeuses vont rejoindre leurs maisons en compagnie d'un des jeunes qui se trouve sur les lieux et qui veille sur elles. Ces jeunes gardiens sont payés 3000 DA la journée et chacune d'elles a son propre gardien.