Grand espoir du football français à 17 ans, Youcef Sofiane était promis à un avenir en majuscules. Entre choix hasardeux et erreur de jeunesse, il ne confirmera pas. Disparu de la circulation pendant quelques années, l'attaquant côtoie les tréfonds du football européen, avant de ré-émerger en 2008 à Lille où Rudi Garcia le fait jouer un match en Ligue 1. A 26 ans, à l'instar de Khaled Lemmouchia avant lui, il essaye actuellement de se refaire une santé sportive en Algérie. Embarqué dans le bateau vacillant du Champion en titre, le MC Alger, il dresse pour Footafrica365.fr ses impressions sur le championnat algérien, et revient sur son parcours pas comme les autres. Confidences. Youssef, vous étiez promis à un grand avenir à 17 ans, alors que vous étiez avec les catégories jeunes de l'équipe de France, et vous jouez aujourd'hui, à 26 ans, dans le Championnat d'Algérie. Que s'est-il passé ? C'est certain que ce n'est pas la trajectoire qui était prévue pour moi. Quand je suis arrivé à Westham en 2004, j'avais tout pour réussir. Je me suis blessé, un nouvel entraîneur est arrivé, c'était un patriote en quelque sorte, il ne voulait faire jouer que des Anglais sur le terrain. C'est devenu compliqué, à cela s'ajoutent des problèmes extra-sportifs, qui m'ont fait bifurquer de ma trajectoire et quitter le droit chemin. J'ai commis des erreurs que je ne referai plus aujourd'hui. C'est-à-dire ? Je n'étais pas très bien entouré, pas bien conseillé. J'étais perdu. J'ai même failli arrêter le football à 20 ans, et puis je me suis mis à suivre le premier agent qui me plaçait un peu à droite ou à gauche. La naissance de mon fils a changé les choses. Je me suis remis à bosser sérieusement. Et comment êtes-vous arrivé en Algérie après être passé par Lille ou Tournai ? Quand je suis devenu père, je me suis posé dans le premier club venu. C'est pour cela aujourd'hui que j'ai cette trajectoire farfelue. En 2008, Claude Puel m'a relancé avec la CFA de Lille, avant que Rudi Garcia ne récompense mon travail en me faisant rentrer face à Saint Etienne en Ligue 1. Cela m'a permis de retrouver mes sensations, je n'ai pas réussi à me mettre d'accord dans la foulée, et j'ai signé à Tournai en Belgique. Puis l'Algérie et le MC Alger se sont présentés. Pourquoi avoir accepté de quitter l'Europe ? Je me suis dit que ça pouvait m'ouvrir d'autres portes, et notamment celles de l'équipe nationale. Quand tu regardes ma génération, Hassen Yebda, Mourad Meghni ou Rafik Djebbour, ils sont tous en équipe nationale. J'ai eu mes problèmes, j'ai perdu confiance, et cela m'a fait perdre quelques années. Maintenant, chacun son parcours, j'ai 26 ans, je suis donc plus mûr. Je sais désormais comment marche le business, et je ne me ferai plus avoir. L'Algérie m'a permis de rebondir, retrouver des bonnes sensations. Comment jugez-vous ce Championnat d'Algérie ? C'est compliqué et très particulier comme Championnat. Je dirai qu'il y a des matches de bon niveau. On pourrait parfois comparer cela à du milieu de tableau de Ligue 2. Alors que d'autres fois, on aura l'impression d'avoir à affaire à de la CFA. Au final, c'est très inégal. Et le joueur algérien… Il y a très bons joueurs en Algérie, surtout au niveau technique. Il y a des mecs qui ont du ballon. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas les bases tactiques. Tu sens qu'il y a des carences de formation. Les mecs dribblent bien, mais ne lâchent pas le ballon au moment opportun. Parfois, tous les joueurs attaquent, et ils oublient qu'il faut défendre. Certains défenseurs, eux, oublient qu'il faut monter. Bref, ce n'est pas le top. Je sens vraiment la différence à ce niveau-là. Quel est votre avis sur les pelouses algériennes, et notamment celle du stade du 5 Juillet où le MC Alger a joué en grande partie son début de saison ? Vue d'en haut, la pelouse du 5 Juillet semble belle et très praticable. Mais dans les faits, c'est une autre histoire. Déjà, tous les deux ou trois mètres, il y a des canalisations sous la pelouse, qui en plus ont été mal mises. Concrètement, ca fait des dos d'âne sur le terrain. Tu fais des passes tendues et tu vois subitement le ballon monter d'un mètre. (Rires…) A la télé, les gens doivent se dire : «Mais ce joueur est mauvais, il ne sait pas faire un contrôle». Sauf que je vous assure qu'il y a des dos d'âne sur le terrain… Quelles sont vos envies désormais ? Je suis en quête de stabilité, je veux signer dans un club où je peux rester deux ou trois ans. J'ai 26 ans, je ne suis pas tout jeune, mais je ne suis pas vieux non plus. Il me reste encore quelques bonnes années. Et, qui sait, peut-être que je pourrai même revenir en Europe et y finir ma carrière. Ce qui est sûr, c'est qu'à 26 ans, je ne peux plus me permettre de signer dans des clubs à 3000 ou 4000 euros et voir ce qui se passe.