La mort de Ben Laden aurait-elle servi de grand test, initié par les Etats-Unis afin d'actualiser la liste des pays et des mouvements radicaux dans le monde arabo-islamique ? Sans avoir à y recourir, Washington a-t-il déjà statué sur la position de l'euphorique Hamas palestinien, porté par le changement de la politique régionale de l'Egypte ? Le Premier ministre, à la tête du gouvernement de Ghaza, s'en est pris à l'administration Obama pour avoir abattu le chef d'Al Qaïda. Pour Ismaïl Haniyeh, l'opération des commandos US est la preuve de la continuation de l'oppression américaine et l'effusion du sang arabe et musulman. Que Benjamin Netanyahou ne profite pas de l'occasion pour monter sur ses grands chevaux, le Hamas palestinien ne partage aucunement la vision de l'organisation djihadiste. La lutte armée du parti de Mechâal ne vise pas l'Occident, mais son fidèle allié israélien. Ainsi, aucune confusion n'est donc permise, la vieille formation islamiste n'a qu'un objectif, libérer les Territoires occupés. Puis, instaurer un Etat islamique ? C'est dire que feu Ben Laden a vu beaucoup plus grand, l'icône des seuls radicaux voulait, lui, libérer l'ensemble des terres musulmanes de l'emprise de l'Occident. Y compris, le Pakistan, son «pays d'accueil» dont les autorités viennent de reconnaître leur «part du travail» dans l'élimination de l'islamiste le plus recherché de la planète. N'ayant pas ces ambitions, le Hamas palestinien réussira-t-il sa «part de libération» de la Palestine, rien que par son entrée dans un gouvernement d'union nationale ? Sans rendre ses armes, le Hezbollah libanais avait bien fait partie d'un exécutif d'entente nationale, les députés chiites ayant même fait la pluie et le beau temps au parlement libanais. Les fidèles de feu cheikh Yacine sont convaincus que seule l'union de l'ensemble des Palestiniens peut faire plier l'Etat hébreu, voire ouvrir grand le boulevard à la reconnaissance de la future Palestine souveraine et indépendante. La présence de Catherine Ashton, patronne de la diplomatie européenne et celle de Reccep Erdogan aux cérémonies marquant la réconciliation inter-palestinienne, favoriserait-elle le projet de reconnaissance de l'Etat palestinien qui devrait être présenté devant la prochaine assemblée générale de l'Onu ? Un coup de pouce est toujours le bienvenu, mais reste à savoir s'il pourra court-circuiter la campagne que va mener Benjamin Netanyahou sur le Vieux continent, notamment à Londres et à Paris. Parce que le Hamas palestinien a regretté profondément l'élimination de Ben Laden que le Premier ministre israélien partira plus confiant ? Histoire de susurrer à l'oreille de David Cameron et de Nicolas Sarkozy qu'il ne peut y avoir de dialogue, moins encore d'accord de paix, avec un gouvernement palestinien qui compte dans ses rangs les islamistes du Hamas palestinien ? L'administration américaine a déjà entendu l'appel de «Bibi», elle pourrait revoir ses aides aux Palestiniens, la mort de Ben Laden ne signifie pas la fin de la lutte antiterroriste, a voulu préciser Mme Clinton. Aussi contre le Hamas palestinien, Washington n'a pas pris la peine de retirer le mouvement de la liste des organisations terroristes. Du moins, pas avant avoir tenté de mettre un terme aux agissements anti-US de l'Iran et de la Syrie qu'Erdogan a mis justement en garde, la communauté internationale, la Turquie incluse, pourrait sortir ses griffes toutes. Bloquant la «part de l'impôt» qui revient de droit à l'Autorité palestinienne, via ce qui est considéré comme un acte de «piratage financier», le gouvernement de Tel-Aviv parviendra-t-il à persuader Paris et Londres de la nécessité de continuer à exclure le Hamas palestinien, la lutte antiterroriste est l'affaire de tous les pays démocratiques, selon les dires de Netanyahou ? Pis, les représailles post-mortem pourraient également concerner les alliés d'Obama. Peu probable que le Hamas palestinien trouve son salut dans le seul fait d'avoir réaffirmé n'avoir aucun lien avec Al Qaïda.