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Un «fonds spécial» pour le CNT, le couple sino-russe à l'assaut d'une trêve en Libye La CPI va lancer trois mandats d'arrêt contre les proches de Kadhafi
Dans l'attente d'une solution politique ou militaire au conflit, le groupe de contact sur la Libye, réuni à Rome, a décidé de la mise en place un «fonds spécial» pour le CNT, qui sera alimenté par des dons et des prêts notamment arabes, puis en partie par les avoirs libyens gelés aux Etats-Unis et en Europe. Le fonds, sous supervision internationale, sera «opérationnel dans les prochaines semaines», a indiqué le chef de la diplomatie française Alain Juppé. Le Koweït a déjà promis 180 millions de dollars, le Qatar 400 à 500 millions. Mais le régime libyen, qui a organisé jeudi une conférence nationale générale des tribus libyennes à Tripoli et à laquelle ont participé plus de 2000 représentants d'environ 850 tribus, s'est insurgé hier contre le plan d'aide international aux rebelles qui prévoit l'utilisation de ses fonds gelés et a répété que Mouammar Kadhafi n'avait aucune intention de quitter le pouvoir. Les fonds gelés de M. Kadhafi et de ses proches sont estimés à 60 milliards de dollars dans le monde, dont plus de la moitié aux Etats-Unis. Alors que le Groupe de contact sur la Libye, dont les prochaines retrouvailles sont prévues aux Emirats Arabes Unis, a choisi de fournir de l'argent à la place d'armes à l'opposition, la Russie et la Chine ont déclaré de leur côté unir leurs efforts pour obtenir un «cessez-le-feu» en Libye, répétant leur opposition de principe à toute ingérence et a fortiori à une intervention terrestre. «Nous avons convenu de coordonner nos efforts pour permettre la stabilisation de la situation et empêcher des développements incontrôlables» en Libye, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à l'issue d'entretiens avec son homologue chinois Yang Jiechi. Moscou et Pékin partagent l'opinion selon laquelle «chaque peuple doit déterminer lui même son destin, sans ingérence». Près de trois mois après le début du conflit, les combats entre insurgés et pro-Kadhafi semblent marquer le pas notamment dans la région stratégique de Misrata où les risques d'aggravation de la crise humanitaire sont palpables. Près de trois mois après le début de la révolution, un cessez-le-feu pourrait survenir «d'ici quelques semaines» en Libye. C'est en tout cas ce qu'a assuré le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. Le délai paraît bien court même si, lors de la réunion du groupe de contact sur la Libye, la Turquie a évoqué un délai de sept jours. Mais le ministre a néanmoins prévenu : «nous sommes conscients que le régime libyen a encore des forces militaires et des arsenaux soutenus en majorité par des mercenaires, que l'Otan a réduits d'environ 40%.» Sur un autre plan, la France a déclaré hier «persona non grata 14 ex-diplomates libyens», leur donnant «de 24 à 48 heures» pour quitter le pays. Par ailleurs, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a présenté devant le Conseil de sécurité de l'Onu son premier rapport sur l'enquête qu'il mène à propos des récents événements survenus en Libye. Luis Moreno a annoncé qu'il demanderait, dans les prochaines semaines, l'émission de trois mandats d'arrêt à l'encontre de ceux qui «portent la plus grande responsabilité pour les crimes contre l'humanité commis sur le territoire de la Libye depuis le 15 février 2011». Depuis l'ouverture de son enquête, il y a deux mois, quinze missions ont été menées dans dix Etats différents, au cours desquelles 45 interrogatoires ont été conduits et 569 documents récoltés. Le procureur a estimé que pour le seul mois de février, entre 500 et 700 personnes ont été tuées. S'appuyant sur plusieurs rapports, il estime que le conflit a entraîné autour de 400 000 déplacés. Il a confirmé les attaques, les viols, et l'utilisation d'armes illégales par les forces du guide libyen.