Vainqueurs à Madrid dimanche dernier, Rafael Nadal et Aravane Rezaï aborderont Roland-Garros en pleine confiance, une habitude pour l'Espagnol, écrasant favori à Paris, mais une nouveauté pour la Française qui doit encore montrer qu'elle sait apprivoiser ce nouveau statut. Comme à Monte-Carlo et à Rome, l'Espagne a placé trois des siens (Ferrer, Almagro, Nadal) en demi-finales à Madrid chez les hommes. C'est du jamais-vu. Et ça confirme que le tennis ibère est plus puissant que jamais, a fortiori sur terre battue. Après les forfaits de Davydenko et Del Potro, Verdasco et Ferrer s'annoncent comme les principales menaces pour Nadal et Federer à Paris, en attendant de savoir où en est le Serbe Novak Djokovic, tracassé par le pollen et porté disparu depuis deux semaines. Premier joueur de l'histoire à avoir remporté les trois Masters 1000 avant Roland-Garros, Nadal sera le grandissime favori à Paris. Il a peut-être été un peu moins impressionnant à Madrid qu'à Monte-Carlo. Mais lui-même souligne que, de tous les tournois, c'est l'épreuve monégasque qui ressemble le plus à Roland-Garros en termes de qualité de surface et de vitesse des balles. Contrairement à l'année dernière, il arrive cette fois sans le moindre souci physique, frais même après avoir choisi de sacrifier le tournoi de Barcelone. Affichant un niveau préoccupant à Rome et Estoril, le N.1 mondial a rassuré ses supporteurs et sans doute un peu lui-même aussi, même s'il ne s'est jamais avoué inquiet. A Madrid, il a réussi quelques sets de haute volée et n'est pas passé loin de battre Nadal en finale (6-4, 7-6). «Lorsqu'on considère où j'étais la semaine dernière, ce tournoi constitue un énorme progrès», dit-il. Le tenant du titre, qui jouera comme l'année dernière une exhibition à Rueil-Malmaison jeudi, reste le favori numéro 2 à Paris. Autant le tennis masculin est hiérarchisé, autant le tennis féminin est toujours aussi illisible. A Madrid, Venus Williams a été la seule des seize têtes de série à se hisser en demi-finale. Sa sœur Serena, N.1 mondiale, a été éliminée au troisième tour, Safina, N.2, et Wozniacki, N.3, ont sombré d'entrée, tout comme Henin et Kuznetsova. Cette dernière est la tenante du titre à Paris. Mais qui s'en souvient encore ? On s'orientait vers un Roland-Garros maussade pour les Françaises jusqu'à ce que Rezaï crève l'écran et les balles à Madrid. Elle a profité à fond du délabrement du Top 10 mais on ne peut parler de victoire au rabais quand on bat trois ex-N.1 mondiales (Henin, Jankovic, Venus). Avec sa force de frappe et son mental, elle peut continuer à créer des ravages à Roland-Garros, à condition de gérer la pression. «Je sais que je vais être la cible», dit-elle.