Les habitants d'Aït Yahia Moussa, localité située à 30 km au sud de Tizi Ouzou, ont décidé de fermer dès les premières heures de la matinée d'hier la RN25 à la circulation automobile. Ils ont également fermé la mairie, déjà paralysée par la grève nationale des communaux. Les automobilistes venus de Draa El Mizan empruntant cet axe routier ont dû faire le détour en passant par Boghni pour arriver à Tizi Ouzou. Cette action de protestation est venue suite à la crise d'eau qui n'a que trop duré pour les versants nord et nord-est de la commune. «Une crise qu'on croyait finie après avoir arraché un projet dans le cadre du PSD, estimé à 27 milliards de centimes», nous dira Rachid Louni, vice-président du comité du village Aït Attela, avant d'ajouter que «finalement, depuis 2005, le projet traîne et aucun des responsables n'a rien fait pour achever les travaux et mettre fin à la soif de près de 15 000 habitants». En effet, pas moins de sept villages constituent cette coordination. Il s'agit de Tachtiouine, Ivouhrene, Imaksnene, Ait Slimane, Aït Attela, Tafoughalt et Tifaou. Dans sa déclaration-dénonciation qui nous été remise, la coordination estime qu'«après des années de travaux, les citoyens découvrent que ce circuit (projet AEP, ndlr), n'est que de la poudre aux yeux, avec une partie bâclée dont les conduites éclatent à chaque essai, une autre abandonnée et une étude médiocre…» N'étant pas au bout de leur surprise, les citoyens constatent le départ des entreprises sans que les travaux ne soient achevés. C'est ainsi que les habitants ont dénoncé «l'attitude méprisante des entreprises ayant réalisé les travaux et le silence des responsables en dépit des maintes mises en garde.» La coordination demande l'installation d'une commission d'enquête ministérielle pour le projet AEP. Car selon elle, «les détournements, la tchipa, l'absence de contrôle, le silence et la complicité des responsables ont fait que des projets sont bâclés ou inachevés depuis des années». A l'aide de pneus brûlés et de troncs d'arbres, des centaines de citoyens ont fermé toutes les destinations et les accès au chef-lieu communal, a-t-on constaté hier matin. «Nous exigeons la venue du chef de daïra de Draa El Mizan, du directeur de l'hydraulique de Tizi Ouzou, du chef d'agence ADE ainsi que du représentant du wali», a demandé Rachid Louni au nom de la coordination au P/APC, Rabah Menguellet Rabah, lors d'une rencontre improvisée dans la cour de la mairie. Le P/APC saisit les autorités concernées De son côté, le maire s'est montré compréhensif tout en avouant son «incapacité à intervenir dans cette affaire qui relève du secteur de l'eau». L'APC a transmis une correspondance aux responsables concernés, expliquant la situation déplorable des citoyens protestataires. A l'heure où nous mettons sous presse, «aucune réponse n'est venue d'un responsable quel qu'il soit», nous a déclaré Athmane Metrouh, vice-président de l'APC d'Aït Yahia Moussa. Les citoyens se disent déterminés à aller jusqu'au bout de leur revendication. «Des actions au niveau du chef-lieu de wilaya ne sont pas à écarter si la situation demeure inchangée», indiquent-ils.