Cette fois-ci, les Palestiniens ne sont pas sortis célébrer l'accord entre le Fatah et le Hamas face auquel Israël reste ferme, tout en évoquant de possibles compromis. Ils étaient des milliers à s'approcher dangereusement des trois «frontières» de l'Etat hébreu le jour de la célébration de la Nekba. Un encerclement symbolique qui a fait couler du sang et beaucoup d'encre. Si les organisateurs des marches à proximité des lignes verte et bleue sont désignés comme étant le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais -le péril vert proche-oriental selon Tel-Aviv-, c'est celui qui a conduit le cortège de manifestants sur le plateau du Golan qui a donné du fil à retordre à l'alliance israélo-américaine. Pour elle, le planificateur de la commémoration de la Nekba de ce côté-là n'est autre que le régime de Bachar Al Assad. Rien de spontané donc dans cette «incursion» sur ce plateau qui revient de droit à la Syrie. Les autorités de Damas auraient profité de cette date anniversaire pour mettre la pression sur l'Occident via son fidèle allié israélien. Lecture identique de l'événement à Tel-Aviv et à Washington. Si le régime d'Al Assad a orchestré ce rassemblement c'est pour faire diversion et faire oublier quelque peu la répression qu'il continue de mener contre ses opposants. Et dans la foulée, détourner les regards de la fosse commune qui aurait été découverte dans la ville de Deraa. C'est du moins l'avis de hauts responsables et d'analystes américains et israéliens qui sont certains que la main de Bachar Al Assad est derrière cette manipulation sur le plateau. Par le biais des affrontements meurtriers qui ont eu lieu, le régime de Damas adresserait un message clair à ses détracteurs occidentaux qui, eux, voudraient à tout prix prolonger le printemps arabe et jouer la carte du «déséquilibre démocratique» en Syrie. Contre les récentes sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne, les autorités syriennes prouveraient quelles sont tout à fait capable de serrer l'étau contre l'Etat hébreu. Elles avaient même menacé de déstabiliser toute la région si le grand projet de la démocratisation venait à leur être imposé. Pas question de céder et de suivre l'exemple de l'Egypte, le rapprochement syro-iranien ne date pas d'hier. Aussi, celui avec la Fédération de Russie dont les ingénieurs poursuivent les essais à la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr. Un rassemblement sur le plateau du Golan suffirait-il à intimider le gouvernement Netanyahou et ses alliés occidentaux qui ne manqueraient pas d'accuser la République islamique d'Iran d'avoir coordonné ce symbolique encerclement sur les «fronts» libanais, syrien et ghazaoui ? Sûrement pas face à une puissance nucléaire secrète. Sauf qu'une telle initiative pose un sérieux problème au bloc occidental au moment où la question de la reconnaissance de l'Etat palestinien est au cœur d'intenses discussions. Même si, réellement, elle ne représente pas une démonstration de force, l'«exode» de milliers de Palestiniens vers les frontières de l'Etat hébreu est un signal fort que le cabinet de sécurité israélien ne peut pas faire semblant de minimiser, voire complètement ignorer. Qu'il soit l'instigateur ou non de cette célébration inédite de la Nekba, le régime syrien (le dernier rempart arabe ?) semble bien décidé à résister à la déferlante démocratique «venue» de l'Ouest, porteuse d'un nouveau choix stratégique : assurer la sécurité d'Israël, sinon son existence, via des changements de régimes dans un monde arabo-musulman que l'Occident voudrait voir demain faire de plus larges concessions que la paix des braves n'a pas permise par le passé.