Des avions de chasse de l'Otan ont bombardé dans la nuit de jeudi à vendredi trois ports libyens, visant la flotte de Mouammar Kadhafi dans l'objectif de protéger le port de Misrata, un des fiefs des rebelles, a annoncé l'Otan. C'est l'attaque la plus importante contre les forces navales libyennes depuis l'engagement de l'Alliance atlantique dans le conflit. Des frappes aériennes ont notamment visé le principal port de Tripoli, endommageant cinq bateaux des garde-côtes et un navire de guerre, a affirmé le gouvernement libyen. Les ports de Khoms, entre Tripoli et Misrata, et de Syrte ont également été bombardés. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré que les actions militaires de l'Otan en Libye affaiblissent lourdement les capacités de combat des forces pro-Kadhafi. Selon Anders Fogh Rasmussen, l'Otan va poursuivre sa pression sur le pouvoir libyen, mais exclut toute possibilité d'envoyer des forces terrestres. De leur côté, les rebelles libyens essuient des «pertes lourdes» près de Misrata et affrontent une crise qui tourne au «désastre» dans les régions montagneuses de l'Ouest, a déclaré le Conseil national de transition. «Nous avons toujours le contrôle de Misrata et de l'aéroport mais les forces de Kadhafi tendent des embuscades à nos hommes et nous avons toujours de lourdes pertes», a déclaré Jalal Al Gallal, un porte-parole du CNT. Les rebelles tentent depuis de prendre Zliten, une ville à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Misrata, avec l'ambition de marcher ensuite sur la capitale, 150 km plus loin. Alors que le front dans l'Est s'est stabilisé depuis plusieurs semaines entre Brega et Adjedabia, c'est la situation dans les montagnes berbères du Nefoussa, au sud-ouest de Tripoli, qui préoccupe le commandement rebelle. «Toutes les routes sont aux mains des forces de Kadhafi. Les hôpitaux ne reçoivent plus d'approvisionnement», a affirmé M. Al Gallal. La télévision d'Etat libyenne a montré jeudi le numéro un, Mouammar Kadhafi, s'entretenant avec un homme politique libyen à Tripoli. La télévision libyenne l'avait montré pour la dernière fois le 11 mai, rencontrant des chefs de tribu dans un hôtel de la capitale. En outre, Tripoli a démenti que Safia, l'épouse du colonel Mouammar Kadhafi et leur fille Aïcha aient quitté la Libye, comme l'affirmaient l'opposition et une source proche des services de sécurité tunisiens. Le gouvernement libyen a également démenti la défection du patron de la NOC, la compagnie nationale pétrolière, Chokri Ghanem. Selon l'opposition libyenne et la source tunisienne, Safia Kadhafi et sa fille se trouveraient depuis le 14 mai sur l'île tunisienne de Djerba, non loin de la frontière libyenne. Ghanem serait aussi en Tunisie. Mercredi soir, le ministère tunisien de l'Intérieur a également démenti la présence de membres de la famille de Mouammar Kadhafi en territoire tunisien. Concernant les efforts diplomatiques qui tendent à mettre un terme au conflit armé, le président russe Dmitri Medvedev et son homologue autrichien Heinz Fischer ont expliqué à Moscou qu'ils souhaitaient une solution pacifique à la crise libyenne. M. Medvedev a appelé les parties à abandonner la violence. Il a estimé qu'il restait encore des moyens pacifiques à mettre en œuvre afin de sortir de l'impasse. La Russie a proposé hier le déploiement en Libye d'une force de maintien de la paix de l'Onu et de l'Union africaine pour tenter de mettre fin au conflit en cours. Sur le plan humanitaire, le coordinateur de l'action humanitaire en Libye, Panos Moumtzis, a indiqué que l'ONU est en train de négocier avec les autorités libyennes, l'OTAN et les groupes armées «une trêve de 24 à 72 heures qui permettrait d'apporter une aide médicale et alimentaire aux civils». L'émissaire onusien a informé qu'une rencontre avec les autorités libyennes était prévue hier à Tripoli. Depuis le début de la crise en Libye il y a trois mois, plus de 803 000 personnes ont fui le pays. Enfin, l'Onu réclame 408 millions de dollars pour l'aide humanitaire en Libye.