Le chef de l'Etat yéménite Ali Abdallah Saleh a refusé hier de signer un accord sur la transition et ses partisans ont assiégé l'ambassade des Emirats arabes Unis à Sanaa où étaient réunis des diplomates et un médiateur pour tenter de trouver une issue à la crise. Un manifestant a été tué et un autre blessé par balles sur la route de l'aéroport par des tirs de casseurs armés, alors qu'ils tentaient de se rendre sur la place du "Changement", près de l'Université de Sanaa, selon des sources médicales. L'opposition a averti M. Saleh qu'il serait "chassé du pouvoir" sous la pression de la rue s'il ne signait pas l'accord élaboré par les monarchies du Golfe et a organisé une manifestation monstre à Sanaa pour réclamer son départ. Des centaines de partisans du régime, armés, ont encerclé dans l'après-midi d'hier la chancellerie des Emirats Arabes Unis à Sanaa, où étaient réunis des ambassadeurs occidentaux et un médiateur du Golfe dépêchés pour tenter de dénouer la crise, a indiqué un diplomate. Les ambassadeurs des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de l'Union européenne ainsi que le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), Abdellatif Zayani, s'y trouvaient, réunis dans l'attente d'une décision du président Saleh de signer l'accord, après avoir assisté samedi soir à la signature par l'opposition parlementaire du document, selon la même source. Mais un haut responsable du parti au pouvoir a affirmé que le chef de l'Etat refusait de signer l'accord avant d'en définir "le mécanisme d'application". Des centaines de partisans du chef de l'Etat avaient bloqué dès le matin les principales artères de Sanaa, dont les issues menant au palais présidentiel et la route de l'aéroport. Les opposants à M. Saleh ont organisé sur la place du «Changement» la plus grande manifestation qu'ait connue la capitale depuis janvier. Quelque 1,5 million de personnes ont pris part à ce rassemblement, selon des estimations concordantes dans les milieux de l'opposition. Les différents corps de métier étaient représentés, les médecins étant venus en blouse blanche, alors que beaucoup de jeunes étaient drapés des couleurs nationales: rouge, noir et blanc. Mercredi, M. Saleh avait déjà refusé à la dernière minute de signer l'accord de transition, selon l'opposition. S'il ne signe pas, "la révolte va s'intensifier et il (finira) par être chassé du pouvoir", a averti le porte-parole de l'opposition parlementaire, M. Mohamed Qahtan. Il a appelé "les Etats-Unis et l'Arabie saoudite à faire pression" sur le président. Le président américain Barack Obama et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton avaient appelé M. Saleh à "respecter son engagement" à quitter le pouvoir. Pour leur part, les ministres des Affaires étrangères du CCG devaient tenir une réunion extraordinaire consacrée au Yémen hier soir à Ryad. Abdellatif Zayani, qui se trouve à Sanaa, aurait normalement du "regagner Ryad avec le document signé pour le soumettre à la réunion", d'après des sources du CCG. Le plan, élaboré avec l'aide des Etats-Unis et de l'Union européenne, prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de M. Saleh en échange d'une immunité judiciaire pour lui-même et pour ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.