Les habitants du centre-ville de la capitale se sont réveillés avant-hier matin sur un fait très singulier : sur les routes, toutes les voitures en stationnement illégal ont été visitées par la police qui avait utilisé les sabots sans retenue. Des dizaines de carrosses étaient ainsi immobilisées à Bab Azzoun ou Larbi Ben M'hidi. Tout le monde l'aura compris : la police se redéploie, reprend du service après s'être effacée suite aux émeutes de début janvier qui ont simultanément éclaté dans plusieurs villes du pays à commencer par Alger. Au centre-ville, le stationnement, quand il est autorisé, se fait d'un seul côté de la route à la fois toutes les deux semaines. Cette mesure d'organisation de la circulation a été bafouée par les usagers, qui cherchent désespérément une place pour garer, du fait de la démobilisation de la police au cours de ces derniers mois. Depuis hier matin, les récalcitrants sont verbalisés dans le but de faire régner l'ordre à nouveau. Le redéploiement des policiers ne se limite pas seulement à traquer les automobilistes en stationnement interdit. Il a été élargi à la lutte contre les marchés informels. Sur ce chapitre, les policiers se veulent plus prudents. Contrairement à leur franche mobilisation contre le stationnement anarchique, ils évitent de s'attaquer frontalement aux trabendistes. C'est le cas à la Basse-Casbah. Le 15 septembre 2010, contre toute attente, les services de sécurité ont interdit de force la vente sur les trottoirs dans les rues Ahmed Bouzrina, Bab Azzoun, Ketchaoua et la place des Martyrs entre autres. L'opération était importante. Pour éviter la reconstitution du marché éradiqué, il a été décidé de mettre en place un dispositif de sécurité permanent, mobilisant des dizaines d'agents qui se déplaçaient continuellement dans la zone. Malgré l'opposition de quelques trabendistes, le dispositif a réussi à interdire la réoccupation illégale de la voie publique. Cela a duré un peu plus de trois mois, ce qui a permis à la population de mieux respirer et de se mouvoir à sa guise dans cette partie de la ville. Mais, suite aux émeutes de janvier, le dispositif a été levé et transféré à Bab El Oued et à Oued Koreiche, là où les affrontements entre la police et les jeunes étaient durs. Les déclarations faites à l'époque par ministre de l'Intérieur Dahou Ould Kablia, pour qui la police n'avait jamais reçu d'instruction pour lutter contre le trabendo, a mis les services de sécurité dans une mauvaise posture. Leur déploiement dans ce cas n'avait plus de sens aux yeux des vendeurs illégaux. C'est alors qu'on a assisté à un déferlement sans précédent du commerce parallèle. Le marché informel de la Basse-Casbah s'est vite reconstitué en investissant cette fois-ci le moindre coin. Depuis jeudi, les vendeurs sentent la fin de la récréation. Pour eux, l'interdiction de la vente sur les trottoirs sera de nouveau instaurée, et ce n'est qu'une question de temps, de jours voire d'heures, avant de voir la police réoccuper les artères des différents quartiers de la vieille ville. Pour commencer, depuis jeudi, les services de sécurité ont interdit à tout le monde de dresser sa table de vente dans les arrêts de bus. C'est un début.