Les efforts engag�s par les agents de Net Com en charge du nettoyage n�ont pu effacer les traces des violentes �meutes de la veille. Les traces sont visibles partout. Que ce soit � Bab El-Oued, Bachjarrah, les Eucalyptus, Bordj-El-Kiffan ou Dar-El- Beida, les �traces� des affrontements ayant oppos�, des heures durant, des �meutiers aux forces de l�ordre sont perceptibles. Fait rarissime : seul Alger- Centre a �chapp� � la �casse�. R�cit de deux folles nuits � Alger. Abder Bettache (Alger le Soir) - Le sujet domine toutes les discussions, en ce vendredi 7 janvier. On �voque des batailles rang�es, des magasins pill�s, des arrestations massives, des tentatives de r�cup�ration par des islamistes. Enfin tout ce qui s�est pass� durant les deux nuits de mercredi et jeudi. En effet, le quartier populaire de Bab El-Oued n�a pas d�rog� � la r�gle. La �r�volte� n�a pas �pargn� la place des Trois-Horloges. Il �tait 19h45, lorsque l��meute �clata dans ce quartier. Les si�ges des agences de Mobilis et d�Alg�rie T�l�com ont �t� vite la cible d�actes de sabotage. Les abribus sont �galement saccag�s, des pneus br�l�s et la route coup�e dans les deux sens. La tension est mont�e tr�s vite. Les services de police entrent en action. Le si�ge de la S�ret� de da�ra, qui se trouve � une centaine de m�tres de la place des Trois-Horloges, est quadrill�. Le p�rim�tre de s�curit� est engag�. Les �meutiers, des jeunes, dont l��ge ne d�passe pas la vingtaine, gagnent du terrain. L�id�e de lancer un assaut contre le si�ge du commissariat a gagn� l�esprit d�un grand nombre d�entre eux. �L�intifadha� prend de l�ampleur. 20h35. L�affrontement est g�n�ral. De v�ritables batailles opposent les services de l�ordre aux �meutiers de Bab El-Oued. 20h45. Arriv�e de renfort. Les policiers engagent les gros moyens. Bombes lacrymog�nes et jets-d�eau. Pour les policiers d�enjeu est de taille. Il faut circonscrire l��meute. Le si�ge de Renault incendi� Les affrontements de la place des Trois-Horloges sont signal�s dans toute la da�ra de Bab-El-Oued. Les premi�res vid�os sont aussit�t diffus�es sur le web. Les jeunes de Triolet entrent en sc�ne. Situ� entre Bab El-Oued, Oued-Koriche et Bouzar�ah, le quartier de Triolet est en �bullition. Les premiers affrontements entre les forces de l�ordre et les �meutiers sont d�j� signal�s. Les premiers slogans de la �r�volte� sont �galement entendus. �Y en marre de la chert� de la vie. A bas le pouvoir ! Nous voulons notre p�trole.� Le ton est donn�. On �voque le nom de Ali Belhadj. �Le cheikh va arriver�, indique un jeune. En effet, du parti dissous avait fait irruption une demi-heure auparavant � Bab-El-Oued, avant qu�il ne soit interpell� par les forces de police. 21h15. L�affrontement est g�n�ral. Accul�s, les forces de police se replient. La pr�sence d�un barrage fixe de la S�ret� nationale � ce croisement n�a vraisemblablement pas dissuad� les manifestants de mettre � sac le showroom du concessionnaire Renault et de celui du label chinois Geely. Les rideaux m�talliques des deux espaces mitoyens sont carr�ment arrach�s. Des v�hicules, maintenus dans leurs box d�exposition, sont compl�tement incendi�s. Le pillage est total. Les voitures sont toutes d�soss�es. D�autres sont ramen�es dans la rue o� elles ont subi un sort aussi triste. Pare-brise bris�s, capots et porti�res arrach�s. Les pi�ces de motorisation sont irr�m�diablement hors service. Les carcasses ne reposent plus que sur les essieux. Belouizdad, Bachjarrah et les Eucalyptus en feu Le propri�taire de la concession, qui est arriv� sur les lieux, aurait laiss� sa vie n��tait-ce l�intervention des forces de police. �J�ai voulu leur parler, juste pour leur dire de ne pas br�ler le si�ge de mon magasin. Mais h�las, on a voulu plut�t me tuer !� nous explique Mohamed Chetouane. Les axes desservis par ce carrefour (Bologhine, Bab-El-Oued-Centre, Chevalley et Fontaine- Fra�che) sont d�sertes. Le syndrome de Bab-El-Oued se propage. La tension est pesante. La rumeur prend de l�ampleur. Les quartiers de Belouizdad (Belcourt) entrent en sc�ne. Un embrasement est signal� depuis trente minutes. Il est 22h35. Les premiers affrontements sont signal�s. M�me constat � El-Harrach, � Bachjarah et aux Eucalyptus. L�est de la capitale est en feu. Aux Eucalyptus, dans la commune de Baraki, les manifestants ont incendi� le si�ge de l�APC en d�but de soir�e. Ils ont ferm� la RN 8 menant vers Larba�, provoquant ainsi une paralysie totale de la circulation routi�re. Il a fallu l�intervention de la police, qui a us� de bombes lacrymog�nes pour que la situation soit �d�bloqu�e�. Dans d�autres quartiers, on parle de bless�s. C�est le cas � Hussein-Dey et Kouba, o� sont recens�s, dit-on, des dizaines de bless�s. Comme � Bab-El- Oued, les �difices publics et m�mes priv�s sont les cibles d�attaques et de pillages. Jusqu�� minuit, on signale des affrontements dans plusieurs quartiers de la capitale. Au centre-ville, plus exactement au niveau des rues Didouche-Mourad et Larbi-Ben-M�hidi, c�est le calme plat. Psychose � Alger-Centre En ce second jour de �r�volte�, la psychose �tait g�n�rale. A 9h30, Alger est encore ferm�e. Dans leur majorit�, les magasins situ�s � Didouche-Mourad, Larbi-Ben-M�hedi et Hassiba-Ben-Bouali sont encore ferm�s. �Les affrontements sont annonc�s � dix heures�, nous explique un commer�ant. Au niveau de la Grande- Poste, le dispositif de s�curit� est impressionnant. M�me constat au niveau des si�ges de l�Assembl�e nationale, du S�nat et de la wilaya d�Alger. A Alger-Centre, une tension extr�me a commenc� � se faire sentir en fin et d�but d�apr�s-midi, sur fond de rumeurs quant � l��clatement d��meutes dans plusieurs quartiers de la capitale et �surtout la volont� des jeunes de Bab-El-Oued de marcher vers le centre-ville ce soir�. On annonce m�me une reprise des affrontements � Bab-El-Oued et � Belouizdad. A 14h30, les quelques magasins ouverts d�cident de baisser rideau. En moins de trente minutes, les rues Larbi Ben-M�hidi et Didouche-Mourad sont d�sert�es. La circulation automobile est inhabituellement fluide dans le centreville. Peu de voitures circulent. Les directeurs des �tablissements scolaires ont, a-t- on appris, re�u l�ordre de lib�rer les �l�ves � midi. S�curit� oblige, souligne-t-on. Les rues �taient presque vides. Les banquiers ont re�u l�ordre de prendre toutes les pr�cautions n�cessaires pour �viter des vols en cas d��meutes. La menace d�une nouvelle �folle� nuit est de nouveau brandie. La peur s�installe de nouveau. Renforts de la gendarmerie A 20h30, l�entr�e d�Alger du c�t� est est ferm�e � la circulation. Des jeunes du quartier des Dunes, relevant de la commune d�El- Mohammadia, ont d�cid� de bloquer la route. Une forme de protestation que les �meutiers ont engag�e en cette seconde nuit de protestation.