Le débrayage déclenché dimanche dernier par les employés d'Algérie poste a été largement suivi au troisième jour. Hormis le bureau d'El Mouradia, où tout fonctionnait normalement, l'activité de dizaines de bureaux de la capitale étaient complètement paralysés, mettant des milliers de fonctionnaires, de retraités, d'invalides, de moudjahidine et d'enfants de chouhada dépendant du système dans le désarroi total. Les portes de la grande poste d'Alger, à la rue Ben M'hidi sont restées fermées toute la journée. Au bureau de la rue Hassiba Benbouali, les choses se corsent et les grévistes affichent clairement leur mécontentement vis-à-vis d'un communiqué dont ils ont été destinataires, hier, les sommant de reprendre le travail. Il a été rendu public à l'issue d'une négociation conclue entre le ministre de la tutelle Moussa Benhamadi, les responsables d'Algérie poste et le secrétaire général de la Fédération des travailleurs des postes et des TIC, Mohamed Tchoulak. Selon un employé de la même poste, ce communiqué n'a fait que consolider leur détermination à aller jusqu'au bout de leur revendication, sachant que les négociations ont été faites avec un syndicat non représentatif de cette corporation. «La fédération en question ne représente que les travailleurs d'Algérie Télécom.» Dans le détail, le communiqué affirme que «certaines revendications des travailleurs ont été déjà prises en charge à travers la signature d'accords collectifs». Parmi ces revendications, il cite le dispositif de promotion, la révision de la nomenclature des postes de travail et l'avancement de deux classes pour les agents ayant atteint l'âge de 55 ans. Concernant l'indemnité de zone, le directeur général d'Algérie poste s'engage, selon le communiqué, à finaliser «dans les meilleurs délais» le dossier y afférent «afin d'intégrer cette prime dans la paie du mois de juin». Il a été, par ailleurs, convenu la poursuite des négociations entre la direction d'Algérie Poste et le SG de la Fédération des travailleurs de la Poste et des TIC, à l'effet de soumettre des propositions avant le 24 juin en cours. Il s'agit de la prise en charge de plusieurs points, à savoir la révision de la grille des salaires, le réajustement des indemnités liées aux conditions de travail, la création de la prime de risque, le relèvement du taux de l'IEP ainsi que le repositionnement des personnels dans les fonctions réellement exercées. Le ministre a instruit, selon le même document, le directeur général d'Algérie Poste de procéder au retrait «immédiat» des plaintes déposées à l'encontre des personnes ayant observé des arrêts de travail. Malgré les «engagements» du ministre de la tutelle, les travailleurs d'Algérie poste décident de maintenir le mot d'ordre de grève, se démarquant, toutefois, catégoriquement de la fédération de Tchoulak. Ils rejettent, ainsi, toute interférence dans leurs affaires internes. Selon un fonctionnaire du bureau situé à la place de la concorde, au 1er mai, la grève a été largement suivie à l'échelle nationale, à un taux estimé à plus de 90%. Il a fait savoir que la grève s'est étendue à plusieurs wilayas du pays. «Alors que le premier jour, la grève était circonscrite à quelques bureaux de poste, elle touche actuellement le centre stratégique des chèques postaux de l'avenue du 1er novembre à Alger et quasiment l'ensemble des structures opérationnelles d'Algérie Poste dans quinze wilayas, notamment Oran où on enregistre un taux de suivi avoisinant les 93%». Il a ajouté que le service des chèques postaux (CCP) a été arrêté plusieurs fois dans la journée, au deuxième jour de la grève, en guise de pression.