Le premier argentier du pays, Karim Djoudi, n'a pas voulu s'exprimer hier sur la question de la gestion des réserves de change et de la distribution du nouveau billet de 2000 dinars, se contentant de renvoyer la balle à la Banque d'Algérie et de citer des écrits de la presse. Invité par la chaîne III, le ministre des Finances a laissé les auditeurs sur leur faim en évitant d'apporter des réponses détaillées sur la question des placements des réserves de change de l'Algérie à l'étranger. Karim Djoudi s'est contenté d'expliquer que le gouvernement a opté pour des placements sécurisés dans des actifs d'Etat avec des taux de rendement faibles, et ce, pour éviter des risques de pertes du capital. S'agissant du montant et des bénéfices générés par ces placements, le ministre n'a pas communiqué de chiffres, soulignant que «la Banque d'Algérie ne va pas crier sur les toits les placements, mais elle est tenue de travailler dans la logique de sécurisation des avoirs à l'étranger.» La création de fonds souverains n'est pas à l'ordre du jour, a-t-il également ajouté. Interrogé sur le nouveau billet de 2000 dinars, notamment le problème de contrôle de cette nouvelle coupure par les machines de vérification de faux billets, le ministre a avoué en ces termes : «ça me gêne de répondre à la place de la Banque d'Algérie.» Cependant, il a pris le soin de préciser en ces termes que «le paramétrage des instruments n'était pas effectif, c'est ce que j'ai compris d'après la presse». Selon une source de la Banque d'Algérie sollicitée par notre journal, cette «information n'est pas fondée» et que «les nouveaux billets de 2000 dinars sont paramétrés selon des données sécurisées». S'exprimant sur le déficit budgétaire de 33,9% du PIB prévu par le projet de la loi de finances complémentaire (LFC 2011), le ministre des Finances a affirmé «qu'il devrait se situer autour de 10%, en dehors de certaines dépenses à caractère ponctuel destinées à la prise en charge des mesures socioéconomiques prises par le gouvernement». Il s'agit du soutien aux prix des produits alimentaires (170 milliards de dinars), de 400 milliards de dinars affectés aux régimes indemnitaires et 200 milliards de dinars pour constituer des stocks de produits alimentaires. Selon le ministre, le déficit budgétaire sera couvert par les recettes de l'Etat et non pas par le recours aux fonds de régulation des revenus pétroliers. Le fonds de régulation des recettes pétrolières dispose, selon lui, d'un budget de 4800 milliards de dinars. Quant à l'évolution de la fiscalité ordinaire, Karim Djoudi est optimiste : «elle a évolué de 20%». Le recours à l'élaboration de la loi de finances complémentaire n'est pas excessif, selon l'invité de la rédaction, en citant le cas d'autres pays comme la France qui ont eu à élaborer deux à trois lois de finances par an afin d'apporter des correctifs à la gestion financière publique».