Le procès du président tunisien déchu Ben Ali et de sa femme Leila Trabelsi ainsi que de ses proches est attendu avec impatience par tout le peuple. La défense de ses avocats sera également scrutée avec attention. Au silence médiatique depuis le 14 janvier dernier, date de sa fuite en Arabie saoudite, le président tunisien déchu Ben Ali, dénonce, par la voix de son avocat français Me Jean-Yves Le Borgne, le procès et les perquisitions effectuées dans ses bureaux décrits comme «mascarade». Cette sortie médiatique «exceptionnelle» vise à clamer son innocence pour ne pas passer pour un bouc émissaire, victime de l'injustice et du mensonge, explique son avocat. Réduit au silence, l'ancien président qui n'avait accordé aucune intervention directe ou indirecte à la presse, sort de sa réserve, parce qu'il est «lassé du rôle de bouc émissaire reposant sur le mensonge et l'injustice» qu'on veut lui attribuer, explique Me Le Borgne. Ce dernier n'a pas hésité à qualifier de «mises en scène» les perquisitions opérées dans les bureaux officiels de son client. Cette sortie se veut être une réponse musclée à l'annonce de son futur procès «dans les jours ou les semaines à venir», avait annoncé une source du ministère tunisien de la Justice citée par des médias. L'avocat de Ben Ali souligne que le procès aura comme seul objectif ed'illustrer une rupture symbolique avec le passée. Le ministère de la justice avait affirmé que 88 enquêtes sont en cours concernant le couple Ben Ali, sa famille et d'anciens ministres et responsables du régime déchu. Les deux dossiers dans lesquels l'ancien président pourrait être rapidement jugé sont relatifs à la découverte d'armes et de drogues ainsi que celle de 27 millions de dollars en liquide dans un palais situé au nord de Tunis. Les autres dossiers sont souvent beaucoup plus graves : homicides volontaires, complot contre la sécurité de l'Etat, abus de pouvoir, malversation, trafic de pièces archéologiques, blanchiment d'argent et violation de la réglementation sur les marchés publics. Me Le Borgne déplore que l'opinion publique, souvent guidée par les médias, se soit enfermée dans un manichéisme élémentaire selon lequel le régime politique tunisien d'hier est responsable de tous les maux et coupable de tous les crimes». Pour lui, le pouvoir actuel qualifié de «transitoire et confus» se sert de cette frénésie accusatrice pour asseoir une légitimité qu'il ne parvient pas à obtenir. A côté des enquêtes de la justice tunisienne sur les malversations probables de la famille Ben Ali, le parquet de Paris a ouvert en janvier une enquête préliminaire à la suite d'une plainte de trois ONG pour recenser et identifier l'origine des biens détenus par l'ex-président et ses proches, qui ne seraient «pas le fruit des seuls salaires et émoluments», d'après ces associations.