On vous donne nos cellules, donnez-nous des postes», «Honte à la justice qui condamne un chômeur», «Jugez plutôt les multinationales qui nous barrent la route»… Tels sont les slogans hurlés toute la matinée d'hier par les délégués des chômeurs de Ouargla. Le sit-in s'est déroulé sans heurts devant le tribunal de Ouargla, sous les fenêtres du procureur de la République et le regard vigilant des éléments des forces de l'ordre dont le dispositif sécuritaire, allégé pour l'occasion, n'a pas tenté d'empêcher le sit-in. Pari gagné pour le Comité national pour la défense des chômeurs qui a marqué sa contestation à l'incarcération de Hamza Ziouane et Adel Aldjia, deux chômeurs de Ouargla, depuis une quinzaine de jours. Une vingtaine de délégués des chômeurs ont pris part à cette manifestation et fait entendre leur opposition «au jugement d'une malheureuse tentative de suicide de deux chômeurs». Selon Tahar Belabbès, porte-parole du comité, «les chômeurs ont de tout temps craint les dérives auxquelles peut mener l'incompréhension et le dédain des pouvoirs publics, l'incarcération de deux jeunes ayant été poussés à des actes désespérés de suicide est une injustice de plus pour les chômeurs». Les sans-emploi rencontrés hier déplorent «l'issue incertaine et inquiétante de cette incarcération qui touche des chômeurs, éprouvés par une situation sociale difficile, aggravée par l'inactivité et le mépris». La prison, un calvaire pour les chômeurs et leurs familles, mais aussi pour le collectif de la wilaya de Ouargla qui s'étonne du manque de solidarité devant ce qu'ils jugent comme «une grave atteinte aux droits fondamentaux de l'homme». Selon eux, les faits ne peuvent s'expliquer que par le profond désespoir de Hamza Ziouane et Adel Aldjia qui ont tenté de se faire exploser avec une bouteille de gaz butane, le 13 mars dernier, devant le centre de formation de la police de Saïd Otba, à la périphérie de Ouargla. Un centre qui est le lieu d'où sortent tous les renforts des forces de sécurité et antiémeute qui symbolisent l'acte de répression dans sa plus belle expression. En fait, l'acte suicidaire a été empêché de justesse par l'intervention rapide et sage de deux policiers, mais les deux jeunes sont entrés dans une bataille judiciaire qui risque de se prolonger. Auditionnés sur leurs intentions, ces derniers sont sous mandat de dépôt et croupissent depuis en prison. Ils attendent la fin de l'instruction déclenchée par le parquet de Ouargla pour être jugés. Selon nos informations, le dossier est entre les mains des magistrats de la 2e chambre d'accusation du tribunal de Ouargla. Les deux chômeurs sont accusés d'agression envers des agents de l'ordre et non pas de tentative de suicide puisque l'acte a eu lieu devant la porte de la caserne de police, d'où la qualification d'«attaque contre un édifice public». Le Collectif des chômeurs de Ouargla, qui vient de charger maître Bouledhfar de la défense des deux prévenus, en appelle à la solidarité des défenseurs des droits de l'homme pour soutenir les deux chômeurs.