Plusieurs dizaines de familles résidant à la commune d'El Mouradia (Alger) campent jour et nuit devant le siège de l'APC depuis lundi dernier. Des femmes, des hommes, des personnes âgées et des enfants ont décidé de passer la nuit sur les lieux jusqu'à ce qu'une décision de relogement soit prise en leur faveur par les autorités concernées. Ils ont installé des tentes à l'aide de draps et juré de ne plus bouger. «Nous n'allons quitter cet endroit que dans des camions vers des logements décents», ont affirmé les habitants qui interpellent le président de la République pour trouver une solution à leur problème. «Nous n'avons jamais cassé, barré la route ou déclencher des émeutes pour réclamer un relogement, mais les autorités doivent savoir que notre patience et notre calme ont des limites. Nous en avons marre des conditions déplorables dans lesquelles nous vivons. Nous avons supporté plusieurs années et attendu un logement pour une vie digne. Mais cette liste de la honte des bénéficiaires de logements sociaux a brisé nos espoirs», diront les protestataires, animés par des sentiments d'injustice et d'intolérance. Ils se sentent fortement lésés et se disent déterminés à poursuivre leur action jusqu'à la fin. «Comment expliquer que des jeunes filles célibataires, des étrangers et des familles riches bénéficient d'un logement social, alors que les personnes originaires de cette commune ont été oubliés ?», s'interrogent-ils, offusqués. Plusieurs banderoles sont affichées pour exprimer le refus catégorique de la liste des bénéficiaires et dénoncer «l'injustice pratiquée à leur encontre». Les habitants rejettent cette image de commune riche collée à El Mouradia. «Quelle honte que les habitants du Golfe, considéré comme quartier résidentiel, habitent dans des caves», ont-ils mentionné sur les affiches. «Nous voulons des logements, nous n'avons pas besoin de résider à El Mouradia alors que nous sommes dans une véritable m...», ajoutent-ils. Les enfants scolarisés de ces familles n'ont pas suivi leurs cours depuis lundi. Ils ont d'ailleurs raté leurs examens. Les habitants affirment que le seul recours qu'ils comptent présenter aux autorités concernées est l'occupation de la place de la mairie. «Nous n'avons plus confiance en les autorités locales. Nous exigeons une opération de relogement au même titre que les autres citoyens», affirment les habitants. «Les enquêtes qu'ils effectuent sont fausses et détournées. Ce sont des méthodes qu'ils utilisent pour camoufler l'arnaque», disent-ils. Les familles ont présenté des documents confirmant leurs propos. Des familles sont menacées d'expulsion, d'autres résident à 10 dans une pièce, les femmes divorcées avec enfants et les personnes âgées qui sont nées à El Mouradia et n'ont jamais bénéficié d'un logement. «Venez voir comment nous vivons. Les jeunes passent la nuit dehors et rentrent dormir lorsque les femmes quittent la maison en début de matinée. Ce ne sont pas des délinquants, mais ils n'ont pas où dormir. Des jeunes demandent à leurs sœurs de sortir pour pouvoir changer leurs vêtements. Nous n'avons pas de sanitaires, nous n'avons pas d'eau ni de gaz, alors que nous résidons à El Mouradia», ont-ils affirmé. Ils regrettent qu'aucun responsable ne soit venu s'enquérir de leur situation.