Promiscuité n Depuis une semaine, chaque nuit que Dieu fait, 20 femmes et enfants, dont des malades chroniques, s'entassent sous une tente d'à peine quelques mètres carrés ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que les «délogés» du 50, rue des Ecoles à Bachdjarah ont été pris de court par la décision des autorités de procéder à l'exécution du jugement du tribunal d'Hussein-Dey. En fait, aucune autre mise en demeure n'a suivi celle qu'ils ont reçue en août dernier. Même s'ils savaient que la décision allait être exécutée tôt ou tard, ils ne s'attendaient, toutefois, pas à un tel scénario : se retrouver dans la rue en plein mois de janvier. «Jamais je n'aurais imaginé les autorités de mon pays capables d'une telle atrocité», lâche un père de famille. Mis devant le fait accompli le 16 janvier par la réquisition de la force publique, les habitants ont, d'abord, tenté de parer au plus pressé : trouver un refuge pour les femmes et les enfants. Ce qui n'est guère évident. Le jour même, à l'aide de bâches, de couvertures et de pièces de bois, ils improvisent un semblant de tente d'à peine quelques mètres carrés sur la chaussée longeant «leur» immeuble. Et depuis une semaine, chaque nuit que Dieu fait, 20 femmes et enfants, parmi lesquels des malades chroniques, s'entassent dans cet espace ! «Nous n'avons pas le choix, nous n'allons quand même pas passer la nuit à la belle étoile», se justifie presque une bonne femme. Plusieurs enfants ont déjà fait les frais de cette décision, pour le moins incompréhensible, des autorités. Rien que pour la journée d'hier, trois d'entre eux ont été évacués à l'hôpital. Ils n'ont visiblement pas supporté le froid et l'humidité. Les hommes, quant à eux, se débrouillent comme ils peuvent. Ils se reposent à tour de rôle dans un fourgon mis à leur disposition par un riverain ou restent carrément éveillés toute la nuit. En dépit de tant de détresse, un quadragénaire n'a pas perdu son sens de l'humour : «Je suis chauffeur à Air Algérie. Avant, je répugnais de travailler la nuit. Je m'arrangeais souvent pour être de service pendant la journée. Mais depuis une semaine, mes collègues ne comprennent rien : c'est moi-même qui leur propose de les remplacer… la nuit.» Leurs va-et-vient entre l'APC de Bachdjarah et la daïra d'El-Harrach ont été vains. Selon leurs dires, le maire et le chef de daïra leur ont fait savoir qu'ils ne disposaient pas de tentes ni de chalets à leur offrir. La distribution de logements sociaux étant du ressort de la daïra, le premier responsable de l'APC leur a suggéré d'attendre le lancement du prochain programme de logements participatifs prévu dans un an et demi.