Plus de 1100 participants sont attendus aujourd'hui aux premières assises de la société civile organisées à Alger par le Conseil national économique et social (Cnes). Placée sous le haut patronage du président de la République, cette manifestation se veut une occasion pour mettre en place une véritable plateforme de la société civile, visant à restituer aux pouvoirs publics les échos des acteurs de la société en termes de vécu, de préoccupations, mais également d'attentes et de propositions. Selon un communiqué émanant des services du Cnes, les états généraux de la société civile réuniront des universitaires, des représentants d'associations diverses œuvrant dans un large spectre d'activités sociales, des représentants du patronat, des organisations estudiantines et de jeunesse, des syndicats, ainsi que des personnalités intervenant dans divers domaines. Il s'agit d'une rencontre première du genre à réunir les acteurs de la société civile et des invités étrangers voulant s'imprégner de l'expérience algérienne. Durant trois jours (14, 15 et 16 juin), le Palais des nations abritera les travaux de cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre des réformes engagées par le président de la République, au lendemain de son discours adressé à la nation le 15 avril. «Cette fois-ci nous allons tout étaler. La parole sera donnée à ceux qui n'ont jamais eu la possibilité de s'exprimer dans ce genre de rencontres. Les autorités veulent connaître les aspirations et les attentes de la société civile», a tenu à souligner le président du Conseil économique et social, Mohamed Seghir Babès, lors d'une récente rencontre conviviale avec des journalistes algériens. Le Cnes, qui se «réjouit» de prendre en charge l'organisation de cet évènement national, veut amorcer un débat profond et constructif entre les différents acteurs venant de tous les horizons. Les objectifs majeurs attendus de ces assisses sont la libération de la parole en offrant aux participants un espace d'écoute et de captation des attentes citoyennes. Les assises doivent servir également à interpeller les autorités du pays sur les préoccupations de la société civile. Ainsi, quatre grands ateliers se pencheront sur des thèmes divers, à savoir «un nouveau régime de croissance», «un système de protection sociale de solidarité et d'inclusion sociale», «gouvernance rénovée à triple polarité», «dialogue social-démocratie participative, coresponsabilité citoyenne» et le quatrième atelier sera focalisé sur la «jeunesse», où il sera question des nouvelles formes d'organisation, de représentation et d'expression. Les travaux des ateliers seront clôturés par l'adoption d'une série de recommandations et d'une déclaration finale. Meziane Meriane (Snapest) : «Arrêtons de nous entre-déchirer» La tenue de ces états généraux de la société civile revêt une importance capitale pour les participants qui s'attendent à des débats intéressants et à une feuille de route pouvant contribuer au développement de l'Algérie. Dans ce contexte, le coordinateur national du Syndicat national des professionnels de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, invité à cette manifestation, a estimé que «cette initiative tombe à point nommé pour faire sortir le pays de la crise qui sévit actuellement». «Cette fois-ci, nous n'avons pas le droit à l'erreur d'autant plus que ce qui a fait défaut à l'économie nationale depuis les années 80 est la disponibilité de moyens financiers conséquents. Maintenant, Dieu merci, nous avons les moyens pour envisager une politique de développement. Il n'y a pas de raisons que la société algérienne ne retrouve pas sa dynamique et sa cohésion», a tenu à souligner ce syndicaliste. Le Snapest place son espoir quant à la réussite de ces assises. «On doit sortir avec des conclusions fortes visant l'intérêt de tous. Arrêtons de nous entre-déchirer. Il faut une cohésion et un plan de travail assurant l'avenir de nos enfants», soutient le coordinateur du Snapest, un syndicat à l'avant-garde des préoccupations des enseignants. Pour le coordinateur du Cnapest, Nouar Larbi, le plus important reste «l'après-états généraux de la société civile». «Nous ne sommes pas contre les rencontres et les débats. Mais il faudrait penser au concret. Comment va-t-on traduire les objectifs et la déclaration finale sur le terrain ?», a tenu à souligner le responsable du Cnapest, qui devra intervenir dans les travaux de l'atelier «système de sécurité sociale». A la lumière de ces déclarations, la manifestation s'annonce intéressante et promet d'être riche en débats contradictoires.