Déficit budgétaire énorme (33.9%), progression des dépenses publiques (25%) comparativement à la loi de finances initiale pour 2011, une augmentation due à l'accroissement des dépenses de fonctionnement et celles d'équipement, tels sont, entre autres, les indicateurs principaux du projet de loi de finances complémentaire (LFC 2011) débattu pour la première fois depuis des années (il était adopté par voie d'ordonnance depuis 2003) et qui sera soumis aujourd'hui à adoption. Si durant les débats, quelques «réserves» et remarques ont été soulevées par les députés, les explications fournies par Karim Djoudi ont convaincu plus d'un. Ainsi, la LFC 2011, a-t-il expliqué, prévoit un déficit budgétaire de 4693 milliards DA contre 3355 prévus par la loi de finances 2011. Ce déficit qui représente 33,9% du PIB est dû, a-t-il expliqué, à une augmentation des dépenses de fonctionnement et d'équipement de l'ordre de 25%. Le déficit ne sera toutefois pas couvert par le recours au Fonds de régulation des recettes (FRR), a dû rassurer Djoudi, expliquant que le déficit réel est de l'ordre de 10 à 11% seulement. Si hausse dans le budget de fonctionnement il y a, elle s'explique surtout par l'application de nouveaux statuts particuliers dans la Fonction publique et la prise en charge des rappels depuis 2008, l'ouverture de nouveaux postes budgétaires ainsi que l'élargissement du soutien des prix à de nouveaux produits (huiles alimentaires et sucre) et à la hausse de la compensation des prix de produits déjà soutenus (blés et poudre de lait). Les dépenses de fonctionnement, fait-on remarquer, ne sont plus couverts par les produits de la fiscalité hors pétrolière qu'à hauteur de 35%. Ce qui sous-entend que l'on aura recours à la fiscalité pétrolière qui est normalement destinée au financement des programmes d'équipements publics. Aussi, pour justifier ces dépenses «supplémentaires» en termes d'équipements, l'on a évoqué le programme additionnel de 410 000 logements publics locatifs, la dotation du Fonds national du logement (Fonal) pour financer 200 000 logements ruraux et 50 000 logements promotionnels, et le renforcement de l'intervention économique de l'Etat. Selon le projet de LFC 2011, les équilibres budgétaires seront «tendus» en 2011, au regard du déficit du Trésor estimé à 4693 milliards DA dont la résorption nécessiterait un prix du baril de pétrole à 137 dollars, alors que le prix moyen actuel du baril ne tourne qu'autour de 100 dollars. Par ailleurs, la LFC 2011 prévoit un taux de croissance de 3,9% (6% hors hydrocarbures) et une inflation de 4%, en hausse de 0.5% par rapport aux prévisions initiales de la LF 2011. Les importations quant à elles devraient augmenter légèrement (40 milliards de dollars), alors que l'on tente vainement, pour réduire cette facture, d'encourager la production nationale. Il convient dans ce même registre de rappeler que, selon Karim Djoudi, le retour du crédit à la consommation – qui concerne réellement l'achat de véhicules – n'est pas pour demain.