Que pense la «société civile» ? Elle ne pense pas, on la paie mais pas pour penser. Mais il arrive qu'on lui demande de penser, quoi penser et le dire avec le plus de bruit et de zèle possibles. Et elle le fait parce que sinon, c'est le robinet qui se tarirait. Et la société civile n'aime pas, ne supporte pas la sécheresse. En hiver comme en été, elle a besoin de liquide, sinon c'est la mort instantanée. La mort «organique», pas biologique, ils sont tous en bonne santé, les gens de la société civile, en dehors de quelques petits problèmes de cholestérol depuis l'invention de Draria, le célèbre haut lieu de la gastronomie pour les RPA (riches ploucs analphabètes). La mort organique n'est pas une fin pour la société civile qui veut se redéployer, investir d'autres créneaux, chercher d'autres clients, susciter de nouvelles OPA, séduire d'autres mentors pour enfin décrocher l'enveloppe de la résurrection. «La société civile est le domaine de la vie sociale civile organisé qui est volontaire, largement autosuffisant et autonome de l'Etat», selon la définition la plus sérieuse et la plus simple qu'on a pu dénicher. Or, la société civile algérienne n'est parfois même pas civile, elle est organisée comme un conglomérat de sectes fermées parce qu'il faut réduire au minimum le nombre d'actionnaires, elle n'est volontaire que pour rejoindre le râtelier, elle n'est pas autosuffisante, mais suffisante pour ses locataires permanents et elle n'est pas autonome de l'Etat parce que c'est l'Etat qui la nomme. Dans un autre chapitre, on apprend que la société civile, c'est le corps social, par opposition à la classe politique. Là, peut-être bien que la société civile est venue prendre les choses au pied de la lettre, mais elle a pris souvent «pris le soin» de confondre classe politique et opposition. Alors elle s'est rangée de la «majorité» qui, ce qui ne gâte rien, présente l'avantage de ne pas changer. Le beurre, l'argent du beurre et la vache. L'UNSECO entend par société civile, «l'auto-organisation de la société en dehors du cadre étatique et commercial» la société civile algérienne fait du commerce avec l'Etat. Allez, une dernière définition pour la route de Club des pins : «La société civile est avant tout la totalité des citoyens d'une commune, d'une région, d'un Etat-nation qui, dans la pratique n'agissent pas individuellement, mais dans un cadre associatif organisé qui ne peut être considéré comme représentatif que s'il est constitué sur la base de la volonté des citoyens…». Comme la notre n'est pas organisée, n'est pas représentative et ne contient pas de citoyens, il fallait peut-être inviter les citoyens à Club des pins, mais il n'y a apparemment pas assez de place. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir