Le rôle des médias et la mise en scène du conflit ont été les causes directes du déclenchement de la guerre. En Libye, les chaînes Al Jazeera et Al Arabia sont beaucoup plus regardées que les chaînes nationales. Les missionnaires ont souligné que la couverture des événements de Libye par les chaînes satellitaires n'a pas été d'ordre «professionnel», mais «elle a servi aux actions des forces militaires occidentales». Jusqu'à fin février, les villes de l'ouest libyen ont connu de fortes tensions et des affrontements, lesquels ont été moindres. Cependant, «les médias cités ont exagéré dans la couverture, voire joué le rôle de désinformation pure et simple». A titre d'exemple, l'information reprise par les médias occidentaux selon laquelle le régime a utilisé l'aviation était totalement fausse. «La conséquence de cette désinformation est claire : la résolution de l'ONU a été votée à partir des informations de cette presse et sans qu'aucune commission d'enquête préalable ne se soit rendue sur place. Il n'est pas exagéré de dire qu'Al Jazeera a créé l'évènement, certainement sur commande, et influencé l'ONU. La guerre médiatique autour de cette affaire rappelle étonnamment ce qui s'est passé dans les Balkans», ont rapporté les experts du centre français. L'autre fait plus étonnant encore, le mouvement de révolte est mené par d'anciens dignitaires du régime (Mustapha Abdu Jalil et Abdul Fatah Younis), dont le passé atteste du mépris des droits de l'homme et qui sont essentiellement guidés par le désir de prendre le pouvoir. Mais contrairement à ce qu'ont annoncé les médias, la mission n'a constaté lors de sa visite des villes libyennes aucun signe d'intenses combats, «illustration probable d'une certaine retenue dans l'intervention de l'armée ou de la faiblesse des opposants armés».