Les médias lourds, bénéficiant d'une large et forte diffusion, sont plus importants en temps de guerre qu'en temps de paix, car ils font et défont l'opinion publique. Comme de véritables armes de guerre, les trois chaînes de télévision arabes et françaises, en l'occurrence Al Jazeera, France 24 et Al Arabya accomplissent un travail de «mercenariat» au profit des puissances occidentales et lobbys. Elles sont au service du nouveau colonialisme. Elles décrédibilisent des causes justes et les vident de leur substance pour s'offrir entre les mains du maître de l'heure. Ces constats lourds de sens ressortent des débats organisés par le Centre de recherche sécuritaire et stratégique (Crss), hier à Ben Aknoun (Alger). Abordant le rôle et l'implication des médias dans le traitement du conflit libyen et ses retombées internes et externes, les intervenants, constitués essentiellement d'experts militaires et politiques, s'accordent à souligner que: «les médias sont un élément indissociable dans une guerre». Les couvertures médiatiques consacrées à la guerre en Irak et aux révoltes dans le Monde arabe en général, et à la guerre en Libye en particulier, sont une preuve de l'implication directe des médias dans la prise de décision. A ce sujet, Sadek Bouguetaïa, responsable au FLN, a noté que «la guerre en Libye est illustrative et démontre, à plus d'un titre, le rôle partial des médias». Et de souligner: «Al Jazeera, France 24 et Al Arabya mènent une guerre psychologique contre le peuple libyen.» Dans le même sillage, Si El Hadj Boudoukha, ex-attaché militaire algérien aux Etats-Unis d'Amérique, a soutenu que «les médias lourds, à l'instar d'Al Jazeera, France 24 et Al Arabya bénéficiant d'une large et forte diffusion, sont donc plus importants en temps de guerre qu'en temps de paix». Et de relever que ces derniers font et défont l'opinion public suivant des intérêts et des desseins inavoués, mais bien ciblés. Dans le même sens, le général-major à la retraite, Slimane Abdelaziz, relève que «rapporter l'information en temps de guerre dépend en partie de la volonté des belligérants». En évaluant la couverture médiatique consacrée au conflit libyen et à l'intervention de la coalition puis de l'Otan, par les chaînes de télévision Al Jazeera, France 24 et Al Arabya, le directeur du Crss, M'hend Berkouk, a fait noter, quant à lui, que «l'importance de l'impact des médias, notamment depuis l'introduction des nouvelles technologies, sur l'opinion publique constitue désormais un élément décisif sur le déroulement même de la guerre». Et de poursuivre: «la prise de position de l'opinion publique dépend en partie de celle prise par les médias.» Ce sont les informations rapportées par les médias, dit-il, qui façonnent et nourrissent l'opinion publique, sachant que ces derniers les médias lourds, dépendent, en partie, de lignes idéologiques, arrêtées au préalable selon des intérêts stratégiques.