Sans qu'elle soit pour cela accusée et même soupçonnée de faire dans l'anti-américanisme, l'Allemagne, de Mme Angela Merkel, ferait-elle de la résistance ? Entendre par là aller à l'encontre de la politique américaine en Europe et que cela suppose comme arsenal nucléaire et ce, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un de ses ministres s'est mis en tête de rappeler au monde l'existence d'un tel arsenal sur le territoire de son pays, laissant entendre qu'il n'a plus de raison d'être, la guerre froide étant terminée depuis bientôt vingt ans, avec, cette fois, l'apparition de menaces que le récent sommet de l'OTAN a pris soin d'identifier. Effectivement, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier, souhaite le retrait des dernières armes nucléaires américaines de son pays, les estimant « obsolètes ». Et il ne s'en cache pas, puisque ses propos sont rapportés dans l'édition à paraître lundi du magazine Der Spiegel. Les armes nucléaires encore présentes en Allemagne « sont aujourd'hui militairement obsolètes » et « devraient être retirées d'Allemagne », a affirmé M. Steinmeier, un social-démocrate. « Le retrait de ce type d'armes doit être un thème de la prochaine conférence sur le désarmement préconisée par les Etats-Unis », a-t-il ajouté. Ses remarques interviennent après le discours à Prague du président américain, Barack Obama qui a proposé de relancer les efforts contre la prolifération de l'atome en vue d'aboutir à un monde « sans armes nucléaires ». Elles interviennent également à la veille des traditionnelles manifestations de Pâques où les opposants du nucléaire en Allemagne dénoncent ces armes depuis plus de 30 ans. Les Etats-Unis ont retiré la plupart de leurs armes nucléaires d'Europe dans les années 1990, après la fin de la guerre froide. Selon Der Spiegel, une centaine de ces armes seraient encore stationnées en Allemagne, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie. Berlin n'a jamais eu ses propres armes nucléaires. Les conservateurs allemands, la chancelière Angela Merkel en tête, estiment toutefois que la présence d'armes nucléaires américaines dans le pays permet à Berlin de « conserver une influence dans ce secteur très sensible », notamment au sein de l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord (Otan), selon un responsable conservateur à la défense, cité par le magazine. Avec autant de faits, cela constitue, à n'en pas douter, une question d'actualité, et on pourrait même dire du ministre allemand qu'il entend chevaucher une vague qui n'en est qu'à ses débuts. Celle-ci est bien réelle, puisque même les Américains parlent de nouvelle stratégie, son point culminant étant les propos du président Obama au sujet d'un monde sans armes nucléaires. Un rêve que lui-même a reconnu, mais, quelque part, il y a un point de convergence au sujet de la course aux armements et la nécessité d'y mettre fin. Cela coûte excessivement cher et la plupart des Etats sont désormais sensibles à ce facteur pour tenter de trouver à tout prix une alternative. Le récent déplacement de Barack Obama en Europe en a situé l'enjeu. Reste maintenant à dépasser le simple discours. Alors là commencera une véritable course d'obstacles.