Depuis deux jours, la ville côtière d'El Kala, située à quelques encablures de la frontière tunisienne et surpeuplée d'estivants à cette période, connaît une pénurie sans précédent de carburant. Plusieurs communes de la wilaya d'El Tarf n'arrivent pas à s'approvisionner en combustible. Cette pénurie s'étend à l'ouest, jusqu'à la wilaya d'Annaba. Jusqu'à la journée d'hier, des files interminables se sont formées devant les stations-service. Parmi les automobilistes rencontrés dans ces stations, des Algériens bien sûr, mais aussi des Tunisiens venus en très grand nombre. «L'essence manque chez nous depuis les événements en Libye, nous venons de Aïn Draham, à une trentaine de kilomètres pour faire le plein à El Kala», nous dira Haithem à bord d'un J5. Plusieurs conducteurs venus de diverses contrées du pays voisin font la même chose que lui. Nous abandonnons ces automobilistes en quête du précieux liquide et nous nous dirigeons vers le poste frontalier d'Oum Teboul. A notre arrivée, c'est la désolation. À notre grand étonnement, seule une dizaine de voitures d'immatriculation algérienne attendent les formalités de douanes et de police de transit.» Le temps est révolu des deux millions d'Algériens se dirigeant vers les villes tunisiennes pour passer leurs vacances», nous dira Ahmed, un Algérois accompagné de sa femme et de sa fille de 17 ans. Il ajoutera : «C'est la rumeur qui a généré cette situation ; par crainte d'une éventuelle agression, j'attends des amis rencontrés dans des réseaux sociaux pour rentrer en Tunisie, à Tabarka à deux kilomètres seulement d'ici, en cortège. Je suis, moi et ma famille des inconditionnels de Tunisie». L'année dernière, à la même période, le mouvement de transit quotidien des véhicules et des personnes du seul poste frontalier d'Oum Teboul était estimé à 5000 personnes et plus de 1200 véhicules. La réalité de l'été 2011 est loin de ces chiffres.