Les «27» dont les ministres des Affaires étrangères qui étaient en réunion hier à Bruxelles paraissaient divisés sur la nécessité de reconnaître le futur Etat palestinien, comme ils l´avaient souvent laissé entendre sitôt reconnu par l´Assemblée générale de l´ONU en septembre prochain, à l´initiative de la Ligue des Etats arabes. La plupart des pays de l´UE qui s´étaient déclarés, ouvertement tout au long de l´année en cours, en faveur de l´entrée de la Palestine à l´ONU, assurant à chaque occasion qu´ils reconnaîtraient le futur Etat palestinien sitôt proclamé, ont pour la plupart d´entre eux, déjà fait marche-arrière. Ils appellent, aujourd´hui, à des négociations préalables, à cette fin, entre les Palestiniens et les Israéliens. En réalité, ces pays donnent la nette impression d´avoir cédé aux pressions du Congrès américain qui a voté, au début du mois, une résolution visant à opposer le veto des Etats-Unis à toute proclamation d´un Etat palestinien qui ne recevrait pas l´accord préalable d´Israël. Benjamin Netanyahu a déjà fait savoir, de son côté, qu´il est hors de question pour son gouvernement de reconnaître un Etat dans les frontières de 1967 comme l´exigent les Palestiniens. Hier, la Haute Représentante à la Politique extérieure de l´UE, Mme Catherine Ashton, a tenu des propos qui ne laissent planer aucun doute sur le refus des «27» de contrarier sur ce dossier Washington et Tel Aviv. Le projet d´«un véritable Etat palestinien» doit être débattu entre l´Autorité nationale Palestinienne et le gouvernement israélien dit Mme Ashton, en invitant les deux parties à reprendre les négociations interrompues en 2010 suite au refus d´Israël de mettre un terme à la colonisation de la Cisjordanie. Tout porte à croire que les pressions exercées individuellement par les Etats-Unis et Israël sur les Etats européens aient abouti et que les Européens parlent déjà d´une même voix. A l´ouverture de la réunion des MAE européens à Bruxelles, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Mme Trinidad Jimenez, a, elle aussi, invité les Palestiniens et les Israéliens à reprendre le dialogue de paix «avant toute proclamation de l´Etat palestinien». «Avant de reconnaître le futur Etat palestinien, il est indispensable que les négociations de paix israélo-palestiniennes reprennent d´abord», a-t-elle insisté dans une déclaration faite, ce n´est pas un hasard, à la veille même de la visite que le président Mahmoud Abbas effectuera, à partir d´aujourd´hui, en Espagne. Le leader palestinien doit se rendre d´abord à Barcelone, siège de l´Union pour la Méditerranée (UPM) qui ambitionne de servir de cadre à la relance du processus de paix au Proche-Orient. La déclaration de Mme Jimenez traduirait le message que le président transmettra de vive voix à son homologue palestinien, demain à Madrid. Entre-temps, les pays de l´Union européenne auront probablement annoncé officiellement leur «position commune» dans le sens de ce qu´ont déclaré Mmes Ashton et Jimenez. Jusqu´à hier, les chefs de la diplomatie européenne reconnaissaient qu´il n´y avait pas encore de «consensus» sur cette position. Ils se limitaient encore à réaffirmer leur volonté d´«œuvrer au rapprochement de leurs positions sur cette question et d´aider les Palestiniens et les Israéliens dans leurs négociations de paix». Du déjà entendu. De leur côté, les responsables palestiniens s´accrochaient à l´idée d´un «soutien massif» des pays européens à l´initiative de la Ligue arabe.