L'UGCAA tire la sonnette d'alarme sur la prolifération de la circulation de la drogue en Algérie, où 300 tonnes sont commercialisées annuellement. Dans une enquête réalisée sur deux mois, à l'échelle nationale, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a fait un constat amer. Les recherches ont prouvé que 20 000 commerçants, activant dans l'informel, sont impliqués de manière directe dans la distribution de produits psychotropes en Algérie. Ils sont devenus, au fur et à mesure, très familiarisés avec les consommateurs qui, généralement, les repèrent aisément. Les vendeurs reçoivent leur marchandise directement par les barrons du marché, qui s'appuient sur des réseaux bien protégés et à l'abri de tout. Contacté par le Temps d'Algérie, hier, Hadj Tahar Boultif, porte-parole de l'UGCAA a estimé que plus de 300 tonnes de drogue de différentes variétés sont vendues annuellement dans notre pays, pour une valeur de 4 milliards de dollars. 10% de cette marchandise illégale est produite localement, dans des champs perdus du côté de la wilaya d'Adrar. M. Boulenouar a fait savoir que l'enquête a révélé, aussi, que les consommateurs de drogue sont constitués, à 80%, de jeunes personnes de moins de trente ans. Il affirme que des milliers de lycéens sont également concernés. Dans ce cadre, il appelle les associations de parents d'élèves à doubler de vigilance et sensibiliser leur progéniture contre les risques de la drogue. A l'exception des journées d'informations, organisées par la Gendarmerie nationale, aucun travail n'est assuré dans ce sens. Les jeunes et les élèves, encore vulnérables, sont ainsi livrés à eux même. La consommation double en été et durant le Ramadhan Le porte-parole de l'UGCAA a estimé, dans le même cadre, que la consommation double durant la période estivale et le mois de Ramadhan, en remplacement de l'alcool non disponible. C'est d'ailleurs pour cette raison que les services de la gendarmerie renforcent les patrouilles, durant cette période, en particulier sur les plages et dans les quartiers populaires. Au mois de juin dernier, 350 personnes ont été arrêtées dans 222 affaires liées à la consommation de stupéfiants. 222 d'entre eux ont été écroués. Les mêmes services ont saisi durant la même période 13 977 607 kg aux frontières algériennes. Cinq tonnes de cannabis ont, également, été saisies par l'armée et les gardes-frontières dans la région frontalière de Béchar avec le Maroc, le 13 juillet dernier, alors que les narcotrafiquants se sont enfuis laissant derrière eux leur cargaison de drogue. Les services de gendarmerie ont attesté que «la route reliant le triangle Béchar-Abadla-Beni Abbès est prisée par les convoyeurs qui y font transiter leurs marchandises vers les pays voisins». Ainsi, le 19 juin passé, 9 tonnes de cannabis avaient été saisis dans la même région. Le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kabia avait fait état d'une saisie annuelle de 64 tonnes de cannabis. M. Boulenouar salue le travail de la gendarmerie, mais estime que cela reste insuffisant face à l'important trafic qui prolifère de jour en jour. «L'Algérie est devenu un pays de consommation, après avoir été un pays de transit», a-t-il souligné. Selon lui, les collectivités locales et les partis politiques restent les bras croisés face à ce fléau. Pour conclure, l'UGCAA appelle les commerçants à dénoncer les trafiquants de drogue aux services de sécurité pour les aider à les arrêter.