Des produits alimentaires périmés estimés à 50 000 tonnes se vendent annuellement sur le marché algérien. C'est ce qu'affirme l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). L'Union, qui s'est focalisée durant ces derniers mois sur le danger et le risque lié à la consommation de ces produits dont le délai de péremption est dépassé, affirme que chaque Algérien en consomme entre un à deux kg par an. Contacté hier par nos soins, M. Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, a indiqué que c'est un phénomène qui prend de l'ampleur annuellement dans notre pays et cause un préjudice au Trésor public estimé à 30 milliards DA Selon lui, il est imputé à plusieurs facteurs, notamment un manque de contrôle d'hygiène rigoureux et l'absence de culture de la consommation dans notre pays. A cet effet, il appelle les instances concernées à renforcer les efforts de contrôle afin de mettre un terme à cette pratique qui engendre de lourdes conséquences sur les consommateurs. Suivant une enquête non approfondie réalisée par l'UGCAA, 40% de ces produits proviennent de l'importation, 10 à 15% de la contrebande, alors que le reste sont des produits locaux fabriqués à base de matières premières non fiables ou encore mal conservées. Plus explicite concernant ce dernier point, il considère que la plupart des producteurs, tout comme les distributeurs, ne respectent pas correctement les conditions de préservation et la chaîne de froid lors de la livraison, particulièrement en ce qui concerne les viandes ou les produits laitiers et leurs dérivés. 5000 intoxications alimentaires en 2010 Le porte-parole de l'Union met en garde, d'ailleurs, contre le lait en poudre disponible sur le marché national qui est de très mauvaise qualité. La même source ajoute, dans ce cadre, que des opérateurs étrangers affirment que les importateurs algériens demandent souvent des produits de dernier choix à des prix bas. Les fruits et légumes ainsi que les boissons gazeuses ou à base de fruits sont également concernés par le phénomène. Le dédouanement des produits qui nécessite un temps conséquent est pour beaucoup dans cette affaire, selon Boulenouar. «Les produits alimentaires ont tout le temps d'expirer, en attendant le processus de dédouanement qui peut durer des mois en Algérie», déclare-t-il. Il déclare, par ailleurs, que ce sont les responsables des restaurants universitaires et les restaurants populaires qui encouragent la distribution des produits périmés. Ces mêmes personnes, à la recherche de gains faciles, «concluent des marchés avantageux au détriment de la santé publique», affirme notre interlocuteur. Le résultat de cette pratique est reflété à travers les 4000 intoxications recensées en 2009. Ce chiffre est revu à la hausse, puisque 5000 cas sont déjà dénombrés pour l'année 2010, selon les estimations de l'UGCAA. Ces chiffres restent en deçà de la réalité, selon Boulenouar, qui avance que la plupart des personnes intoxiquées préfèrent faire appel à la médecine traditionnelle. Toujours dans le même sillage, il explique que la forte demande des produits alimentaires enregistrée durant la saison estivale lors notamment des fêtes de mariage, facilite également l'écoulement de la marchandise dépassée. L'UGCAA tire la sonnette d'alarme et appelle les services d'hygiène à redoubler de vigilance afin d'éviter les dépassements des commerçants incrédules. Reconnaissant les efforts consentis par les services de la gendarmerie et ceux de la police pour interdire ce genre d'irrégularités, M. Boulenouar estime que cela reste insuffisant et demande l'implication de plusieurs institutions ministérielles, à savoir le ministère de la Santé, celui du Commerce, des Collectivités locales, les associations de consommateurs et les importateurs.