La wilaya de Tizi Ouzou peut se targuer d'avoir un important patrimoine en matière d'assainissement. Son extension et son renforcement ont connu une nette amélioration, imposée par l'amélioration de la dotation en alimentation en eau potable, par l'investissement en matière de mobilisation de la ressource ainsi que la réfection et l'extension des réseaux de distribution qui ont engendré une progression du volume rejeté dans les cours d'eau et à travers la nature, en général. La wilaya est dotée d'un réseau de 2 900 kilomètres, ce qui représente un taux de raccordement estimé à 85%. Son patrimoine est constitué de 8 stations d'épuration et de traitement, à savoir la Step Tizi Ouzou est (pont de Bougie), avec un capacité de 120 000 eq/habts, celle de Tizi Ouzou ouest (Boukhalfa), la Step de Tadmaït, celle de Boghni, de Tigzirt, d'Azeffoun, de Draâ Ben Khedda (DBK) et celle de Draâ El Mizan. A ces stations, s'ajoutent 7 postes de relevage. Il s'agit de ceux de Draâ Ben Khedda sur la RN 30, de Tadmaït, de Féraoun et celui du port à Tigzirt, les postes de relevage SR1 et SR2 à Azeffoun et, enfin, celui de Mouldiouène (DBK). La wilaya dispose également de 24 bassins de décantation et 210 bassins de filtration. Des projets en vue La direction de l'hydraulique compte réaliser cinq autres stations d'épuration pour protéger le barrage de Taksebt de la pollution, un réseau d'assainissement à travers le flanc sud de la wilaya et la vallée du Sebaou, et en matière de projets structurants, on retient la réalisation d'une station d'épuration à Azazga. Toujours en matière de perspectives à court, moyen et long terme, la direction projette de réaliser 340 bassins de décantation, y compris les systèmes de collecte des eaux usées qui se déversent dans la nature, la réalisation d'un réseau d'assainissement à travers le flanc sud et la vallée du Sébaou, la réalisation d'un système de traitement (bassin de décantation) pour le chef-lieu de la localité de Sidi Naâmane en 2012. Pour les trois années à venir, soit pour 2013 et 2014, elle compte réaliser un collecteur principal d'assainissement Nord (Est de Tizi Ouzou, deux canaux à ciel ouvert pour drainer les eaux pluviales et l'assainissement de la zone nord de Draâ Ben Khedda, y compris un poste de relevage. D'importantes quantités déversées dans la nature Malgré l'importance du réseau d'assainissement et de sa consistance, beaucoup reste à faire dans ce domaine précis. D'importantes quantités d'eaux usées sont déversées dans la nature un peu partout à travers la wilaya. Les réseaux débouchent généralement en dehors des villages et finissent dans les oueds. Résultat : l'ensemble des cours d'eau est pollué à un stade avancé. Toutes les eaux superficielles sont quasiment touchées par ce phénomène de pollution qui s'aggrave de plus en plus. L'Oued Sébaou en est une parfaite illustration de cette situation chaotique. Ce site écologique est devenu le réceptacle de toutes les eaux déversées par la ville des Genêts et ses communes. En ce moment, il ne subsiste dans l'oued qu'une rigole noirâtre d'où se dégage une odeur à couper le souffle. Même le barrage de Taksebt n'échappe pas à cette folie polluante avec les eaux usées de quelque onze villages, situés en son amont. A Tizi Ouzou ville, le réseau d'assainissement est très vulnérable. Il n'est pas rare de trouver des eaux usées qui «ruissellent» sur les trottoirs ou au milieu de la chaussée. Risques de cross connexion Dans plusieurs localités le risque de cross connexion est là. Il est suspendu au-dessus de la tête des habitants telle l'épée de Damoclès. La vétusté des réseaux d'assainissement, généralement réalisés à proximité de ceux d'alimentation en eau potable, fait que chaque jour, on risque d'assister à une catastrophe sanitaire, en particulier, en cette période de grandes chaleurs. Les eaux usées menacent aussi des puits, des sources, etc. Même la faune n'échappe pas à cette situation dramatique. A Boudjima, par exemple, et ce n'est sans doute pas un cas unique, on a signalé la mort de plusieurs oiseaux près des sources situées le long de l'oued situé en contrebas des villages de Yaskrène. Il semblerait que cette mort est directement liée à la pollution des mares d'eau noirâtre qui se sont formées dans l'oued. A Ouaguneoun, le barrage de Djebla, déjà largement envasé, est sérieusement pollué par les eaux usées du village Agouni Ouzaraz qui se déversent directement dans le barrage. Les exemples ne manquent pas. Cela relève parfois du miracle que des épidémies de maladies à transmission hydriques ne fassent leur apparition. Dans cette même localité, une catastrophe a été évitée de justesse lorsque l'assainissement de la polyclinique est resté bouché pendant plusieurs jours en décembre dernier. Les vides sanitaires avaient été bouchés par des eaux usées et la conduite d'eau potable qui alimente la commune a été submergée par ces eaux usées.