El hendi, ce fruit devient l'espace de l'été un mets qui envahit toutes les tables. Débarrassé de son enveloppe épineuse, la figue de barbarie s'impose comme la douceur par excellence que se disputent les oranais par ces temps de jeûne. «Tchimbou, el hendi, karmous ensara ou koumassara», se vend à la pièce dans tous les coins de rues d'Oran et de l'Ouest. Si au mois de juillet on le consommait parfois sur place, de préférence le matin avant de se rendre au travail, durant le mois sacré, on l'achète le soir au retour à la maison pour égayer la table du f'tour. Les vendeurs se lèvent tôt le matin pour aller cueillir ce fruit rebelle qui ne se laisse pas déguster facilement. Pour croquer sa chair douce et granuleuse, il faut affronter les épines de ses feuilles et de son enveloppe. Vendu 5 dinars la pièce, il s'invite à toutes les tables. «Le matin avant de me rendre au travail, j'ai pris l'habitude chaque été de croquer quelque figues de barbarie. Fraîche, elle me donne la pêche et me permet de résister à la faim jusqu'à midi», dira Houari. «Le ramadhan ne m'a pas empêché d'avoir mes figues sur la table du f'tour. C'est un fruit généreux qui donne une impression de satiété qui met à l'abri de la goinfrerie. Il est très bon pour ceux qui ont des problèmes ou qui ont des kilos à perdre», précisera Houari. Abdelkader secteur, pour brocarder les vendeurs, avait avec un air de moquerie asséné que ces derniers ne fournissaient aucun effort pour engranger des gains. «C'est une plante qui n'a besoin ni d'eau ni de gardiennage. Elle résiste au poids des ans. Généreuse, elle offre ses douceurs en été. Et ceux qui récoltent ces fruits devraient la céder gratuitement», avait-il susurré dans un de ses sketches. Le fruit mystérieux se vend aujourd'hui à chaque coin de rue d'Oran. Il dispute la place aux mangues, aux nectarines, à la pêche, au raisin et à tous les autres fruits de saison. Et envie de jeûneur oblige, il s'impose à toutes les tables au grand dam des fruits dits nobles. Et pour les oranais, un ramadhan sans el hendi, c'est comme un été sans les plaisirs de la plage.