D'un caractère grandiose et du meilleur goût architectural, la mosquée Sidi Boumediène fut construite en 1328 par Abou El Hassan, sultan mérinide de Fès, conquérant de Tlemcen. Comparé à la Grande mosquée, il s'agit là d'un édifice rectangulaire de moyenne dimension de 30 m x 18 m, d'une absolue symétrie, plus profond que large, présentant le plan d'ensemble suivant : le porche monumental d'entrée situé en face de la porte du mausolée, il est constitué par une somptueuse arcade en fer à cheval d'une hauteur de 7 m auquel on accède par un escalier de Il marches. La façade de ce porche comporte, s'inscrivant dans une bordure rectangulaire, de magnifiques arabesques en mosaïque de faïence à quatre tons, blanc, brun, vert et jaune. Un triple feston de briques incrustées d'émail et de filets verts la divise en deux parties. Une bande située au-dessus de l'encadrement rectangulaire contient une inscription sur fond blanc, commémorative, en beaux caractères andalous dédiée à celui qui a fait édifier la mosquée, le sultan Abou El Hassan. Elle est surmontée d'un auvent de tuiles soutenu par de très élégantes consolettes. La douelle est encadrée par une mosaïque blanc, jaune et brun. Au niveau des murs latéraux, deux portes, autour desquelles s'organise un magnifique décor de plâtre commençant à 1,70 m du sol, avec de petits panneaux inscrits dans de fines arcades, se continuant en haut par une grande coupole à stalactites, conduisent à une école coranique et à une chambre destinée aux pèlerins. Du haut du minaret aux trois boules et ses quatre-vingt-douze marches, on avait une vue impressionnante sur l'immense plaine, les monts Trara et au Sud sur la forêt des pins. Sidi Boumediène,le saint de Tlemcen Le village s'appelait El Eubbad. Il devint Sidi Boumediène pour tous, tellement le souvenir du saint y était présent. Sidi Boumediène. Chaîne Abou Medyen, comme on aurait dû l'écrire, était né à Cantillana, petit village des environs de Séville, en 1126. Après avoir appris le métier de tisserand, il s'adonna à l'étude, acquit une culture juridique et fut surtout initié à la mystique musulmane au Maroc. De là, il fit le pèlerinage à la Mecque, et de retour en Afrique du Nord, s'arrêta à Béjaïa où il enseigna le Coran. Contesté par les théologiens de cette ville et perçu comme un illuminé, il y fut persécuté. C'est alors que le calife almohade de Marrakech l'appela, tant étaient connus sa réputation de sainteté et ses dons de thaumaturge. En cours de route, il tomba malade et, apercevant le village d'El Eubage (le couvent des hommes pieux), il s'écria : «Oh ! Que ce lieu est propice au sommeil éternel». Il mourut près de là en 1196, après avoir prononcé cette dernière parole : «Dieu est la vérité absolue». Il fut donc porté au village afin d'y être enterré parmi tant d'autres hommes pieux. Sidi Boumediène devint ainsi le saint protecteur de Tlemcen. Depuis 800 ans, son tombeau est vénéré par les musulmans de toute l'Afrique du Nord.