Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Une agence chinoise déclasse plusieurs pays européens dont la France Le monopole de trois agences occidentales de notation de la performance économique battu en brèche
Après avoir été limitée à l'Europe, une agence de notation chinoise Dagong Global Credit Rating a déclassé la France en lui conférant AA- concernant la notation de la dette souveraine alors que la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait récemment affirmé que la note «triple A» attribuée à la dette du pays n'est pas menacée. Christine Lagarde a indiqué que la France s'est engagée à réduire son déficit budgétaire à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2012. La ministre avait affirmé que la France prendra si nécessaire de nouvelles mesures pour consolider ses finances, a rapporté la presse française. Mais le fait nouveau est que cette nouvelle notation des dettes souveraines n'est pas le fruit de l'une des trois grandes agences occidentales : Standard & Poor's, Moody's et Fitch, mais d'une agence chinoise. Le classement élaboré par l'agence chinoise est une première et apporte des notations à des pays occidentaux qui révèlent la fragilité de ces pays. Selon The Telegraph, plusieurs pays notés AAA voient leur note abaissée : les Etats-Unis perdent deux rangs et écopent d'un AA, tandis que la Grande-Bretagne et la France reculent de trois rangs à AA-. La Belgique, l'Espagne et l'Italie glissent dangereusement à A-, en compagnie de la Malaisie. La Chine, par contre, se hisse au même rang que l'Allemagne, les Pays-Bas et le Canada avec une note de AA+. La Norvège, le Danemark, la Suisse, Singapour, l'Australie et la Nouvelle-Zélande restent, comme pour les autres agences, les meilleurs élèves avec la meilleure note : AAA. L'agence chinoise n'hésite pas à critiquer ses aînées en signalant que sa méthode aboutit à une vision plus réaliste des forces en présence. Dagong précise ainsi s'être davantage attachée que ses consœurs à la capacité des Etats à rembourser leurs dettes. L'agence explique qu'elle entend ainsi «corriger les défauts» du système actuel et proposer un contrepoids aux agences occidentales. «La cause de la crise financière mondiale et de la crise de la dette en Europe provient de ce que le système actuel de notation international ne prend pas suffisamment en compte la capacité de remboursement des Etats», a déclaré le président de Dagong, Guan Jianzhong, en présentant le rapport de l'agence. Auparavant, le président chinois, Hu Jintao, avait déclaré en avril que le monde avait besoin de «standards objectifs, équitables et raisonnables» pour la notation des dettes souveraines. Le patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet a, de son côté, estimé, dans un entretien accordé au quotidien Libération, que les agences ont joué un rôle d'accélérateur de la crise. Ce dernier estime qu'il «est probablement opportun de ne pas continuer d'avoir un oligopole mondial de trois agences». Il accuse carrément les agences de favoriser «une amplification des mouvements à la hausse ou à la baisse des marchés financiers» qui, selon lui, «va à l'encontre de la stabilité financière». Pour sa part, le commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier, a relancé début mai l'idée de créer une agence européenne, notamment pour évaluer la dette des Etats. Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, s'est également prononcé en faveur de cette initiative, tout comme l'Allemagne et la France. Depuis plusieurs mois, le rôle des agences de notation a été fortement critiqué. La dégradation de la note de la Grèce ou celle de l'Espagne orchestrée par les agences au plus fort de la crise de la dette souveraine ont en effet jeté le trouble sur la situation de ces pays.