Point de répit dans les mouvements de contestation. Même le Ramadhan, doublé d'une forte canicule, n'a pas dissuadé les populations à mener des actions coup de force pour se faire entendre. C'est dans ce contexte justement que les populations, excédées par une longue attente, ont laissé libre cours à leur colère dans la région de Maâtkas, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou. Dès les premières heures de la matinée d'hier, les habitants des 15 hameaux constituant le arch Ibarkoukène qui englobe en son sein plus de 12 000 habitants, n'ont guère eu d'autre choix que de sortir dans la rue pour réclamer de l'eau, de l'électricité et d'autres commodités qui font défaut et qui rendent la vie rude et difficile à la fois. Ils ont mis à exécution une menace brandie depuis plusieurs semaines. Cette menace consistait à fermer toutes les institutions. Ils ont d'abord procédé à la fermeture des sièges de la mairie, de la daïra, de la Sonelgaz, de l'ADE avant de fermer carrément le chemin de wilaya qui mène vers la ville de Tizi Ouzou. Le blocage de cet axe routier n'a pas duré longtemps puisque les protestataires ont décidé de le libérer au bout de 30 minutes. Cette action pacifique est l'aboutissement logique de la dure réalité que vivent les habitants de Maâtkas, pour cause, l'eau n'a pas coulé dans les robinets depuis plus de 40 jours. «Depuis le mois de juillet nous n'avons pas d'eau. Aucun responsable local n'a daigné bouger le petit doigt pour régler ce problème. C'est de la ségrégation qui ne dit pas son nom», fulmine Rabah du village Tamadaght Ouzemour. Les habitants d'Ibarkoukène ne doivent leur salut qu'à des anciennes fontaines et l'achat de citernes d'eau à raison de 1000 dinars, voire plus, et ce, depuis plusieurs années. La situation risque de perdurer. Ces habitants dénoncent aussi la marginalisation de leur région par les autorités locales. «Halte au régionalisme», «Ibarkoukène, village oubliés», sont les slogans que nous pouvons lire sur les banderoles accrochées sur le portail du siège de la mairie de Maâtkas. Les protestataires ne comptent pas baisser les bras tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites. Ils réclament aussi le bitumage de plusieurs chemins communaux qui se sont dégradés, impraticables durant la saison des grandes pluies. Les villages d'Ibarkoukène souffrent du manque flagrant de plusieurs infrastructures de base. Devant le manque de lieux de loisirs, les villageois, notamment la classe juvénile, sont livrés à eux-mêmes. Les coupures d'électricité chaque soir depuis le début de l'été agacent les habitants qui ne savent plus à quelle porte frapper pour se faire entendre. Hier, les représentants de ces villages ont tenu une réunion avec le président de l'APC, le SG de la daïra et le représentant de l'ADE. A signaler que la circonscription de Maâtkas, l'une des communes les plus peuplées de la wilaya de Tizi Ouzou, compte plus de 30 000 habitants éparpillés sur 60 villages.