Dès les premières lueurs du jour, des dizaines de personnes se dirigeaient déjà vers le village El Bir pour assister à l'enterrement des trois victimes de l'attentat terroriste de jeudi dernier. Une foule nombreuse s'est déplacée au village pour accompagner Brahim, Karim et Rabah à leurs dernières demeures malgré la canicule qui sévit sur la région. Les gens sont venus de plusieurs régions limitrophes. Les trois domiciles des victimes étaient bondés de monde. Le sang des victimes demeure toujours visible sur la terre dans plusieurs endroits du village où l'attentat s'est déroulé vers minuit. Les cris stridents des familles des victimes résonnaient dans le village durant toute la journée. L'atmosphère était vraiment tendue. La tristesse se lisait sur les visages de tous les présents. Certains n'ont pas pu retenir leurs larmes. Les victimes ont été enterrées au cimetière du village. Le premier à être enterré, vers 11 h, était Issoune Karim, le cousin de l'otage, âgé seulement de 28 ans, chômeur et célibataire de son état. «Il était courageux. Il n'a pas hésité un seul moment à intervenir dans l'espoir de sauver son cousin entre les mains des sanguinaires. Le pauvre a rendu l'âme sur place. Il a été touché par une rafale en plusieurs endroits de son corps», déclara l'un des villageois. La dépouille, ramenée sur un catafalque, était couverte du drapeau national. Le deuxième à être enterré, vers midi, sous un soleil de plomb, était le fils de l'émigré qui a été enlevé par les terroristes, Brahim, âgé seulement de 24 ans, chômeur et célibataire lui aussi. Son père et ses frères n'ont ni pleuré ni bougé. Ils étaient toujours sous le choc. «Le groupe qui écumait notre région semait la terreur au sein des habitations locales. Nous réclamons de la sécurité. Nous vivons la peur au ventre depuis plusieurs années. La peur hante nos esprits», déclara un villageois. Le frère de Brahim, aussi blessé au pied, a assisté quand même à l'enterrement. L'autre blessé, Mourad Issoune, frère de karim, a tenu à assister, lui aussi, à l'enterrement. Une balle a traversé sa main. Rabah Slifi, la troisième victime, a été inhumée vers 13 h, au moment juste où les services de sécurité traquaient un terroriste dans le village Thighilt-Mahmoud, dans la commune voisine de Souk El Tenine. Rabah, âgé de 42 ans, a laissé derrière lui 5 enfants en bas âge et une veuve. Il exerçait le métier de transporteur. Plusieurs personnalités politiques ont assisté à l'enterrement et des députés de la région, à l'image de Mohamed Ikharbèn, Saïd Lakhdari, Achiour Imazaten, pour ne citer que ceux-là. «Où est l'état ? Nous sommes abandonnés et livrés à nous-mêmes. Nous réclamons la sécurité. Nous sommes des algériens nos aïeux, ont combattu le colonialisme et c'est de notre droit le plus élémentaire d'être sécurisés. Aucun responsable militaire ni civil n'a daigné se présenter au village pour s'enquérir de notre situation. Tout le monde était au courant qu'un groupe terroriste semait la terreur depuis plusieurs mois dans notre région. Pourquoi les services de sécurité n'ont-ils pas agi ?» accuse un membre du comité du village d'El Bir en colère. «Nous ne quitterons pas nos villages. Nous ne sommes pas des lâches. Nous restons ici et nous combattrons le terrorisme quel que soit le prix à payer», ajoute un autre villageois. Pour rappel, jeudi vers minuit, un groupe terroriste composé de quatre éléments et armé jusqu'aux dents a enlevé le fils d'un émigré qui venait juste de renter de France. Ils ont exigé le versement d'une rançon de 200 millions de centimes. Les villageois ont refusé de céder au chantage des terroristes et ont intervenu avec leurs fusils de chasse pour libérer la victime. Suite à quoi les terroristes ont exécuté l'otage, ont tué deux autres villageois et blessé deux autres.