Jamais les Algériens ne sont sortis aussi tard que durant le Ramadhan de cette année. Dès les premiers jours du mois sacré et bien au-delà de minuit, les rues grouillent encore de monde. Sur les nombreux lieux de divertissement, c'est à se demander d'où sort toute cette masse de jeunes et de moins jeunes. Les routes et les autoroutes qui font d'habitude l'objet d'embouteillages diurnes connaissent plutôt cette année des bouchons nocturnes. Les feux des voitures donnent d'ailleurs un éclat inhabituel à ces axes. Quant aux boutiques, cela nous fait drôle de les voir ouvertes jusqu'à 2h, voire 3h du matin. En effet, par la force des choses, et situation sécuritaire oblige, les Algériens et particulièrement les Algérois ont perdu leur côté fêtard. Sortir était devenu un geste difficile à accomplir, par appréhension des souvenirs sombres qui ont laissé des séquelles dans leurs esprits. Jusqu'à l'année écoulée, même le Ramadhan n'a pas réussi à vraiment casser cette routine, excepté durant sa dernière semaine pour les achats des habits de l'Aïd. Beaucoup plus que les années précédentes, le Ramadhan 2011 aura été celui de toutes les sorties et pas seulement, mais des plus tardives. Tout a contribué à cela, dont et notamment un service de sécurité déployé en force pour contenir la délinquance et les actes de violence. Avantage lié à la saison estivale, les soirées sont longues et qu'il faut meubler. A cet effet, les spécialistes en animation ont mis les bouchées doubles pour égayer les soirées des Algériens. Pratiquement dans toutes les wilayas, un programme d'animation culturelle et de divertissement a été concocté par les organismes en charge du secteur. Incontestablement, le clou de l'animation aura été la Medina, évènement parrainé par la radio nationale et l'opérateur de téléphonie mobile Nedjma. Sur l'immense espace du complexe sportif Mohamed Boudiaf, il y en a pour tous les goûts. Cinéma pour enfants et adultes, théâtre, galas avec les plus grandes vedettes algériennes, patinoire, trampoline, etc. En vogue la kheïma La mode des kheïmate a encore frappé cette année. Qui n'a pas dressé sa kheïma ? Même des organismes, dont on avait presque oublié l'existence tant ils ne se mettent pas au devant de la scène, ont ouvert une kheïma pour attirer le public et partant, renflouer leurs caisses. C'est le cas du centre cynophile de Ouled Fayet ou encore l'hôtel Moncada. La kheïma du Moncada, au milieu du merveilleux site du parc zoologique ne pouvait pas ne pas titiller la curiosité des fêtards. Si l'accès est gratuit en semaine pour les filles, en week-end l'accès à la kheïma est à hauteur de 800 DA la personne. La kheïma du complexe touristique de Sidi Fredj est la plus accessible, avec 500 DA l'entrée, un thé et un morceau de kalbalouz, le tout sous l'animation d'un DJ. La plus chère aura été incontestablement celle du Sheraton, où le prix de l'entrée est cédé à 1350 DA sans compter les consommations qui s'élèvent à près de 1000 DA. Qui dit mieux ! Mais la moins honnête est celle du Hilton, où les prix annoncés pour un concert étaient de 800 DA et une fois sur place, il est exigé des visiteurs 1000 DA tout rond. En dehors d'un concert, les 600 DA exigés pour l'accès à cette structure hôtelière n'ouvrent droit à aucune consommation. Il faut encore débourser 150 DA pour la petite bouteille d'eau, 250 DA pour un café. Malgré les prix pratiqués, ces structures exotiques ont drainé un nombreux public, peu regardant sur l'état de leur bourse. Même les piscines qui jusque-là ont privilégié l'animation autour du plan d'eau ont permis aux fêtards, canicule oblige, de faire trempette, tout en dégustant glaces et autres boissons rafraîchissantes. Avez-vous déambulé à Draria ? Vous auriez vu comment les chouwayine ont été pris d'assaut tous les jours de la semaine. Apparemment le s'hour aux brochettes fait bien des émules. Vous êtes- vous rendu un soir à Staouéli ? C'est à croire que tout Alger s'y donne rendez-vous pour déguster une glace italienne ! Pour les moins chanceux il reste les terrasses de café qu'ils occupent des heures durant. Autour des cafés et des thés, des amis se rencontrent et évoquent l'actualité et les anecdotes de la journée. Dernier virage du mois sacré, les sorties adoptent un autre objectif : celui de dénicher les bonnes affaires pour habiller ses enfants à l'occasion de l'Aïd et Fitr. Le même décor est planté que ce soit la plus petite échoppe ou le plus grand centre commercial : des grappes de femmes, accompagnées de leurs bambins envahissent les boutiques dans un va-et-vient incessant. Les plus heureux sont les commerçants. Quoiqu'on dise, le côté viveur des Algériens revient en surface dès que les conditions s'y prêtent.