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L'environnement en sursis
L'insalubrité revient au galop
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 08 - 2011

Revoir une Kabylie propre... et mourir ! Tel est le vœu pieux de Said, lui qui compte, en compagnie d'autres bonnes volontés, créer une association pour la défense de l'environnement dans les prochains mois. Ce vœu doit être encouragé.
La wilaya de Tizi Ouzou est gangrenée par une insalubrité qui se généralise. Cette situation se passe sous le nez de tout le monde.
Bien que des associations de défense de l'environnement existent, cela n'a rien changé à la situation. En tout et pour tout, une trentaine d'associations dont les activités sont directement liées à la défense et à la protection de l'environnement dont dix rien que dans la commune, pour ne pas dire la ville de Tizi Ouzou, et le reste dans différentes localités, tout le monde est tenté de dire que ces associations, malgré les bonnes volontés qu'elle renferment sont dépassées par l'ampleur du phénomène et se contentent d'observer, impuissantes,
l'environnement se dégrader chaque jour un peu plus et du coup constituer un véritable danger sur la santé publique et la nature. La question de l'insalubrité publique a été à maintes fois soulevée avec des interpellations récurrentes émanant du mouvement associatif,
des comités de quartiers, des villages, de la presse qui a épisodiquement tiré la sonnette d'alarme, ainsi que l'Assemblée populaire de wilaya sans que les pouvoirs publics ne prennent des mesures fermes pour sauver ce qui reste et limiter au moins les considérables dégâts.
L'attitude, on ne peut plus laxiste des pouvoirs publics ainsi que l'incivisme dont font preuve certaines personnes et plus que montrée du doigt. Si dans un passé récent cette question d'insalubrité se posait presque seulement et avec plus d'acuité en milieu urbain, en particulier à la ville des Genêts qui a aujourd'hui fait un petite et légère toilette depuis que les trottoirs ont été «nettoyés» des vendeurs informels, le phénomène est visible ailleurs.
La RN 72 et la rocade sud : de nouvelles décharges ?
Le nombre de décharges sauvages à travers la wilaya de Tizi Ouzou se compte par milliers. Chaque jour, de nouvelles se développent et poussent à un rythme plus qu'effarant. Quant à celles qui existent déjà, leurs volumes augmentent d'une manière exponentielle. Les cas des abords de la rocade sud et celui de la RN 72 sont des exemples édifiants. A eux seuls, ces deux lieux résument une situation catastrophique qui frise l'insensé.
Tout au long de la rocade, des montagnes de déchets en tous genres côtoient de verdoyants champs de vignes. Le décor vous plonge dans une tristesse affligeante et révoltante à la fois. Des montagnes de déchets débordent de la glissière de sécurité et jonchent la chaussée. Les odeurs qui s'y dégagent
vous coupent le souffle même quand vous traverser ce tronçon de route à toute vitesse au risque de choper une inévitable maladie respiratoire. Au long de la RN 12, cette voie qui relie le chef-lieu de la wilaya à la ville côtière de Tigzirt et juste à la sortie du Pont de Bougie, le spectacle est tout simplement ahurissant.
Le constat est vite établi : c'est la déchéance et on est en face d'une situation qu'on peut qualifier de non-Etat qui fait que les médiocres imposent leur diktat. Le tronçon de la RN 72 allant du Pont de Bougie jusqu'à Zaouia, dans la commune de Makouda, tronçon quelque peu délaissé par les automobilistes depuis l'ouverture de l'évitement qui passe par Boukhalfa, est devenu une vraie décharge. On y trouve un peu de tout.
Des déchets de bâtiments (dont des produits chimiques toxiques à plus d'un titre), des déchets ménagers, des carcasses d'animaux morts, des poulets avariés jetés pêle-mêle, et tutti quanti. Qui est responsable d'une situation aussi chaotique ?
Tout le monde en est responsable. Les pollueurs, les pouvoirs publics, etc. En milieu urbain comme en milieu rural : un même constat.
Les exemples, il y en a des dizaines, des centaines, des milliers. L'insalubrité est partout. Elle est au seuil des habitations. Aussi bien en centres urbains qu'en milieu rural, le décor est presque, à bien y regarder, le même.
Dans la commune d'Ililten, daïra d'Iferhounène, l'association locale «Tezdeg» (propreté) a répertorié 300 décharges sauvages. Est-il normal qu'une commune montagneuse comme Illilten, distante de 70 kilomètres du chef-lieu de wilaya, puisse présenter un nombre aussi invraisemblable de décharges ? se demande-t-on. A Mekla, au lieudit Tikentart, situé à la sortie du village historique de Djamaâ Saharidj se trouve une autre décharge. Au sud, à l'est, à l'ouest et au nord jusqu'au bord de la mer, c'est la même chose.
Du côté de la ville de Draâ Ben Khedda, la situation est aussi catastrophique qu'ailleurs. L'artère principale qui traverse la ville de bout en bout est plus que sale. Par ses odeurs nauséabondes, la place du 8-Mai 1945 fait fuir les plus téméraires. Les riverains de la cité portant le même nom que cette place, ont du mal à respirer de l'air pur. Ils vivent le cauchemar.
A Agouni Gueghrane, commune située au pied du vaste et majestueux massif du Djurdjura, l'air pur commence à céder la place aux odeurs putrides.
Une décharge devenue déjà gigantesque ne cesse d'augmenter en volume et en hauteur comme pour rivaliser avec le sommet du Djurdjura. La décharge située à proximité de l'entrée du chef-lieu communal vous «souhaite la bienvenue» et vous accueille avec ses odeurs comme pour vous inviter à faire demi-tour et quitter les lieux.


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