Au lendemain des fêtes de l'Aïd, les prix des fruits et légumes se sont envolés au marché de gros. Courgettes, carottes, navets, raisin voient leur prix au kilo passer du quitte au double. Le kilo de carottes est affiché à titre d'exemple entre 80 et 100 DA, alors que le tarif des navets varie entre 120 et 130 DA. Les raisins sont proposés au niveau de ce même marché à 60 DA et jusqu'à 250 DA. Les grossistes et détaillants citent l'absence de main-d'œuvre durant la fin du mois sacré et la fête de l'Aïd, mais l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) incrimine le manque de production. Contacté hier par nos soins, Mounir Ayad, directeur général du marché de gros des Eucalyptus, a affirmé que la hausse est temporaire et coïncide avec la fête de l'Aïd, durant laquelle la plupart des travailleurs, qui habitent à l'intérieur du pays, prennent un long congé (5 jours). En effet, il a été constaté à l'échelle nationale une rupture d'approvisionnement de tous les produits de première nécessité durant les deux jours de la fête et les jours d'après. Pain, lait et fruits et légumes étaient indisponibles. Cette absence conjuguée avec les pluies enregistrées sont donc à l'origine du manque de la marchandise et de la flambée des prix. Il affirme que les choses vont reprendre leur cours normal à partir d'aujourd'hui (hier ndlr). Selon lui, le marché de gros qu'il dirige a retrouvé, à partir d'hier, l'animation habituelle et tous les fruits et légumes sont disponibles. Joint hier, Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, a estimé que le manque de production locale et l'insuffisance de chambres froides sont à l'origine de la perturbation des prix. Plus explicite, il avance que l'Algérie enregistre un déficit de plus de 30% en termes de production de fruits et légumes. Il regrette, dans ce cadre, le retard accusé dans la finalisation des 12 000 projets agricoles programmés dans le plan quinquennal. Le déficit, selon Boulenouar, est le résultat d'un manque de coordination entre les services du ministère de l'Agriculture et celui du Commerce, ainsi que l'absence d'un programme d'orientation et de prévision dans le domaine agricole. «Une anarchie totale règne dans le secteur. Les agriculteurs travaillent sans orientation. C'est pour cette raison que chaque année, on constate un surplus de production sur tel produit et la pénurie d'un tel autre», a indiqué la même source. Il ajoute, par ailleurs, que les pluies enregistrées dans la journée de samedi, le congé des ouvriers durant la fête de l'Aïd ainsi que la recrudescence des fêtes de mariage ont leur part de responsabilité dans la hausse enregistrée, notamment sur les produits prisés en ces circonstances, comme les navets, les carottes et le raisin. M. Boulenouar a appelé, à cet effet, à la révision du programme agricole et à l'exploitation des terres agricoles en friche. «L'Algérie aurait pu être un pays exportateur de produits agricoles, or nous comptons 3000 importateurs de fruits et légumes», regrette le porte-parole de l'UGCAA.